Question de M. BALARELLO José (Alpes-Maritimes - U.R.E.I.) publiée le 01/05/1986

M. José Balarello attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation des chrétiens d'Ethiopie. Sept mille d'entre eux, dont deux cents prêtres, sont emprisonnés : cette persécution a débuté en 1977 et semble bien relever d'un plan préétabli. Il lui demande s'il compte intervenir pour demander des explications au gouvernement éthiopien, et s'il ne conviendrait pas que les gouvernements de la Communauté économique européenne adoptent une attitude concertée et unique à ce sujet.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 12/06/1986

Réponse. -La situation des chrétiens orthodoxes coptes d'Ethiopie (environ 45 p. 100 de la population) paraît caractérisée aujourd'hui par une tolérance formelle qui s'accompagne d'une politique systématique de laïcisation de la société. Si les débuts de la révolution éthiopienne (1974-1978) ont été marqués par de multiples emprisonnements, notamment de prêtres, depuis quelques années le gouvernement d'Addis-Abeba a pris des mesures de clémence en libérant, au total, plusieurs milliers de prisonniers. Le régime éthiopien, qui a renouvelé l'encadrement supérieur de l'Eglise et s'est employé à réduire par étapes son influence (en supprimant en 1974 le statut privilégié de l'Eglise orthodoxe, en remplaçant en 1976 le patriarche Théophilas, en désignant en janvier 1979 treize nouveaux évêques), paraît adopter aujourd'hui une attitude plus conciliante. Les jours fériés sont reconnus, les fidèles semblent pouvoir célébrer sans entraves apparente leurs cérémonies. Le régime, conscient de son impuissance à l'égard des chrétiens de l'ancienne génération cherche néanmoins à promouvoir auprès de la jeunesse une organisation sociale d'où les références religieuses sont bannies. L'Eglise de son côté, s'efforce de préserver cet équilibre en s'interdisant toute prise de position politique. La situation des autres Eglises chrétiennes en Ethiopie, catholiques ou protestantes, qui disposent de missionnaires étrangers dispersés sur le territoire, est, en revanche, plus précaire et préoccupante. Des missions des Eglises protestantes évangéliques ont notamment dû être fermées. La France est intervenue à plusieurs reprises, et au plus haut niveau éthiopien, pour obtenir l'élargissement des personnalités religieuses et politiques emprisonnées. Elle poursuivra cet effort, tant au plan bilatéral qu'avec ses partenaires de la Communauté européenne. Bien qu'elle estime que les libérations intervenues et l'attitude plus tolérante des autorités éthiopiennes soient encore insuffisantes, la France se réjouit de toute mesure allant dans le sens de l'apaisement et de la liberté.

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