Question de M. MADRELLE Philippe (Gironde - SOC) publiée le 24/04/1986

M. Philippe Madrelle appelle l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la privatisation, chargé du commerce, de l'artisanat et des services, sur la nécessité de sauvegarder le secteur artisanal de la cordonnerie. Il lui rappelle que les artisans de ce secteur souffrent actuellement de concurrence déloyale illustrée notamment par la multiplication dans les grandes surfaces de " points-services " qui proposent des réparations très rapides, effectuées par des employés ne disposant souvent d'aucune formation, au même tarif que les artisans, qui utilisent des matériaux de qualité supérieure et rendent un travail beaucoup plus soigné. Compte tenu de l'évolution des techniques de fabrication, il lui demande s'il ne juge pas opportun de prendre des mesures relatives au développement de la formation des jeunes apprentis cordonniers qui, inévitablement, auront des conséquences sur le nécessaire respect de ce métier.

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Réponse du ministère : Commerce et artisanat publiée le 24/07/1986

Réponse. -Les problèmes évoqués sont réels et le Gouvernement cherche à apporter, notamment en matière de formation, des améliorations en proposant des actions à caractère novateur. Toutefois, la formation dans le secteur de la cordonnerie se heurte actuellement à plusieurs problèmes dont : le recul très net de l'apprentissage lié à un désintérêt pour cette profession et à la disparition des maîtres d'apprentissage (de nombreux artisans partent à la retraite sans que leur succession soit assurée). Les derniers chiffres fournis par l'éducation nationale pour le C.A.P. donnent les résultats suivants pour l'année 1983 : cordonnier-réparateur, 99 élèves présentés, 53 reçus ; cordonnier-bottier, 7 élèves présentés, 3 reçus ; la concurrence de plus en plus vive des points de réparation rapide tenus par des employés sans qualification, voire sans formation spécifique. Ce développement est autorisé par l'évolution de la fabrication des chaussures qui réclament aujourd'hui moins de réparation qu'autrefois. La disparition des selliers a en outre favorisé la diminution des cordonniers - les deux professions étant souvent associées. Devant ces difficultés le ministère du commerce, de l'artisanat et des services a proposé aux professionnels du secteur de la cordonnerie de mettre en place des actions particulières chaque fois qu'une opportunité se présenterait. Ainsi, en région Bretagne, en concertation entre la chambre de métiers du Morbihan et la mission locale pour l'insertion des jeunes, une formation spécifique en vue de la reprise de cordonneries a été imaginée mais ne semble pas, pour diverses raisons, avoir recueilli l'agrément de la fédération nationale des syndicats d'artisans-maîtres de la chaussure. Néanmoins, le ministre du commerce, de l'artisanat et des services est prêt à encourager toute initiative débouchant sur une meilleure qualification des futurs cordonniers. Concernant la concurrence née de la multiplication dans les grandes surfaces des points services, il appartient au consommateur, en fonction du meilleur rapport qualité-prix et de ses besoins, de choisir son fournisseur.

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