La commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat vient d’adopter un rapport de MM. Bernard Fournier (LR-Loire), François Bonneau (UC-Charente) et de Mme Gisèle Jourda (SER-Aude), intitulé : "Quelle stratégie française dans le golfe de Guinée".

Au moment où l’opération Barkhane s’achève, il faut réévaluer le dispositif français dans cette région. Celle-ci abrite des puissances économiques importantes comme le Nigeria et la Côte d’Ivoire, qui connaissent une croissance démographique très rapide. Plusieurs dizaines de milliers de ressortissants français y vivent, y travaillent et y entreprennent. Les relations culturelles, économiques et de défense privilégiées de la France avec ces pays constituent un capital à préserver.

Toutefois, la prospérité et la sécurité de cette région font face à plusieurs menaces : la piraterie, la pêche illégale, le trafic de drogue et surtout le djihadisme. En outre, les "compétiteurs stratégiques" de la France, tels la Russie et la Chine, y déploient une politique d’influence très offensive. Dès lors, les rapporteurs proposent de :

- profiter de l’affaiblissement récent de la piraterie pour faire de la lutte contre la pêche illégale et le trafic de drogue une priorité de la coopération française avec les pays de la région ;

- jouer pleinement le jeu de l’influence, notamment sur les réseaux sociaux, pour concurrencer les compétiteurs stratégiques de la France ; développer un "narratif" fondé sur un avenir commun et des intérêts partagés plutôt que sur un passé commun ;

- augmenter les moyens des services de coopération et d’action culturelle des ambassades (SCAC) afin de réaliser davantage de projets de développement de taille modérée à fort impact en termes d’influence ;

- multiplier les projets en matière de santé, d’éducation et de développement agricole dans le nord des pays de la région ;

- infléchir l’offre de coopération militaire vers des actions "à la demande" (formations ciblées, fourniture d’équipements, appui en renseignement…) ;

- préserver les bases des forces prépositionnées en capitalisant davantage sur leurs retombées en termes d’influence.

Pour le Président Christian Cambon, "la fin de Barkhane nous oblige à une réflexion sur les modalités de notre engagement dans le golfe de Guinée, où la menace djihadiste progresse. Ce rapport montre que nous ne pouvons pas nous désintéresser de l’avenir de ces pays. Il est urgent de leur proposer de nouveaux partenariats".

Jean-Christian LABIALLE
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