Pour faire le point sur la situation critique du projet, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, présidée par Christian Cambon, a entendu successivement Eric Trappier, président de Dassault Aviation, puis Antoine Bouvier, directeur de la stratégie, des fusions-acquisitions et des affaires publiques d'Airbus, et Dirk Hoke, président exécutif (CEO) d’Airbus Defence and Space.

Le SCAF est un projet essentiel pour l’autonomie stratégique européenne à l’horizon 2040. Le coût total du programme (50 à 80 milliards d’euros) ne peut être assumé par un pays européen seul : une coopération, fondatrice pour la défense européenne, s’impose.

Mais depuis quelques mois, comme un avion qui perdrait son élan et sa portance, le SCAF approche du point de décrochage. "Un échec ne profiterait qu’à nos compétiteurs économiques et à nos adversaires stratégiques", a déclaré Christian Cambon. "Il faut revenir à un esprit gagnant-gagnant et refonder le socle de la confiance sur les principes de 2017-2018, qui ne sont pas négociables" :

- Leadership français sur le SCAF, l’Allemagne étant leader sur le projet de char de combat (MGCS) et sur l’Eurodrone MALE. Ce point faisait l’objet d’un accord et il ne peut être remis en cause sans compromettre le projet. L’arrivée de l’Espagne dans le SCAF, qui est en soi une bonne nouvelle, ne peut avoir comme conséquence de déséquilibrer le projet.

- Principe du "meilleur athlète" : en vertu de ce principe, Dassault est leader sur le pilier "avion de combat" tandis qu’Airbus assume le leadership sur les piliers "remote carriers" (drone) et "cloud de combat". Cela permettra aussi de fournir les capacités indispensables à la France (navalisation de l’avion et capacité d’emport de l’arme nucléaire). Enfin, la préservation des droits de propriété intellectuelle passée (background) des acteurs industriels devra être garantie.

À terme, ce sont l’acquis industriel et le savoir-faire historique français qui sont en jeu, dans un secteur où la France dispose encore d’un tissu industriel riche pourvoyeur de nombreux emplois dans les territoires.

Cliquez ici pour revoir l'audition de M. Eric Trappier, Président-Directeur général de Dassault Aviation 

Cliquez ici pour revoir l'audition de MM. Antoine Bouvier, directeur de la stratégie, des fusions-acquisitions et des affaires publiques d'Airbus et de Dirk Hoke, président exécutif (CEO) d'Airbus Defence and Space

Jean-Christian LABIALLE
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