La commission des affaires économiques et celle de l’aménagement du territoire et du développement durable ont poursuivi leurs travaux sur la tentative d’OPA de Veolia sur Suez en auditionnant Gérard Mestrallet, anciennement PDG d’Engie et ex-président du conseil d’administration de Suez. Gérard Mestrallet a réaffirmé que d’après lui, une OPA hostile conduirait à la disparition de fait de Suez, à un endettement peu soutenable de Veolia, à des pertes de capacité d’innovation et à d’inévitables suppressions d’emplois, sans renforcer la compétitivité du groupe Veolia sur les marchés internationaux.

"1 + 1 sera loin de faire 2", a-t-il souligné, indiquant que son expérience industrielle lui avait montré qu’une fusion ne pouvait être un succès que si elle était amicale et préparée de concert. Concernant le principe de cession par Engie de sa participation dans le capital de Suez, il l’avait lui-même envisagé mais émet des réserves sur la méthode. Ainsi, il considère que c’était à Suez et à Engie de fixer un calendrier, et non au principal concurrent de Suez ! "Si on avait pris le temps en fin d’année dernière, on aurait aujourd’hui deux offres concurrentes pour les 29,9 %, celle d’Ardian-GIP et celle de Veolia".

Pour la présidente de la commission des affaires économiques Sophie Primas, "l’émergence après des mois de crise d’une nouvelle offre Ardian‑GIP semble rendre possibles de nouvelles discussions moins tendues, plus bénéfiques et qui pourraient conforter les deux champions français"

Gérard Mestrallet a estimé qu’il existait aujourd’hui "la possibilité, avec cette offre, d’échange d’actifs entre les deux entreprises, sans endettement supplémentaire de l’une ou de l’autre, et pourquoi pas, l’ouverture du Capital de Suez à la Caisse des dépôts qui se dit désormais prête à s’inscrire dans un projet concerté", soulignant qu’il était favorable à ce type de solutions face au projet actuel d’OPA, qui ne pourrait pas aboutir avant au moins 18 mois, le temps d’obtenir l’aval des nombreuses autorités de la concurrence concernées et au prix d’une crise qui semble vouloir fragiliser les deux entreprises.

Pour Jean-François Longeot, président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, "à l’heure de la transition écologique, il faut privilégier une stratégie industrielle durable qui ne pénalise ni les collectivités territoriales, ni les Français. La qualité des services essentiels dans le domaine environnemental tels que la gestion des déchets et la distribution de l’eau doit être, pour le Sénat, représentant des collectivités territoriales, l’un des principaux points de vigilance des suites de l’opération de rachat de Suez par Veolia".

Les deux Présidents ont indiqué que le Sénat allait naturellement poursuivre ses travaux.

Le comité de suivi Veolia Suez composé de six sénateurs issus des deux commissions compétentes va poursuivre ses auditions et notamment celle de l’Autorité des marchés financiers et de l’Autorité de la concurrence.

La commission des affaires économiques est présidée par Sophie Primas (Les Républicains - Yvelines).

La commission de l’aménagement du territoire et du développement durable est présidée par Jean-François Longeot (Union centriste - Doubs).

La vidéo de l’audition est disponible en ligne sur le site du Sénat.

Le compte rendu de l’audition sera bientôt disponible en ligne à l’adresse suivante : http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/economie.html

Philippe Péjo et Julie Elie
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