Jeudi 3 décembre, la Délégation aux entreprises du Sénat a auditionné les représentants du Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI). Les 5 400 ETI françaises sont en grande majorité implantées dans les territoires ; elles représentent 50 % de l’industrie française et 25 % de l’emploi. Alors qu’en janvier dernier les ETI présentaient une dynamique très encourageante, aujourd’hui 50 % d’entre elles se trouvent dans une situation plus délicate et ont dû récemment restreindre leurs effectifs alors que depuis 2008 elles étaient particulièrement créatrices d’emplois.

Pour le METI, les mesures d’accompagnement mises en œuvre pour accompagner les entreprises doivent être saluées et placent la France dans le "top 3" des pays européens. Néanmoins, la situation française est paradoxale puisque par ailleurs son cadre fiscal et réglementaire "plombe" les ETI avec le poids des charges, une fiscalité de production dissuasive et la complexité administrative, véritable "fiscalité cachée". Ces trois éléments pèsent trop fortement sur la compétitivité des ETI françaises . À titre d’exemple, les impôts de production sont 6 fois plus élevés en France qu’en Allemagne, et "la comparaison entre deux ETI similaires implantées respectivement au Danemark et en France révèle que 3 fois plus d’effectifs sont nécessaires chez nous pour traiter les contraintes administratives, lesquelles entraînent ainsi une perte de marge de 200 000 euros !".

Comme le relève Frédéric Coirier, co-président du METI, "les comparaisons avec l’Allemagne doivent nous aider à réagir" pour réformer ce qui doit l’être et également pour "mettre en évidence nos atouts". Ainsi par exemple, l’électricité française permet des productions les moins émettrices de CO2 de toute l’Europe tandis que nos achats de biens étrangers nous font importer en même temps du carbone ! "Mais encore faut-il ne pas décourager la production en France". En 1982, France et Allemagne avaient la même structure économique et industrielle mais "notre pays a graduellement perdu de la valeur ajoutée, des emplois, des savoir-faire". Aujourd’hui, l’Allemagne compte plus de 12 000 ETI et résiste mieux à la crise économique grâce à son tissu industriel.

"Il faut être pragmatique, faire le pari de la résilience et de la résistance de notre territoire et éliminer les complexités administratives coûteuses qui pèsent sur la compétitivité des entreprises", qui ont par ailleurs d’excellents fondamentaux. Ce qu’ont bien compris certains investisseurs étrangers puisque "une ETI sur 10 a fait l’objet d’une tentative de rachat ces trois derniers mois !". Pour éviter les prédations alors que "le cœur productif du pays s’affaiblit", outre l’allongement des PGE, il serait nécessaire que l’État investisse dans l’avenir du pays par le biais de prêts participatifs relativement longs et à un coût raisonnable .

Serge Babary (LR - Indre-et-Loire), président de la délégation aux entreprises du Sénat, a rappelé que "les thématiques de la simplification et de la transmission des ETI, notamment familiales, demeurent au cœur des préoccupations de la délégation car elles sont essentielles pour le maintien de l’activité et des emplois dans nos territoires".

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Philippe PÉJO
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