La directrice centrale du service de santé des armées, auditionnée par la commission des affaires étrangères, a indiqué ne pas avoir, à ce stade, les moyens matériels d’effectuer des tests sur l’ensemble des militaires avant projection. La commission en appelle à la ministre des armées pour la mise en œuvre d’un dépistage systématique des équipages et des forces terrestres avant départ en mission.

Maryline GYGAX GÉNÉRO, directrice centrale du service de santé des armées (SSA), a répondu le 17 avril aux questions de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat.

Sur les 2 300 marins du groupe aéronaval autour du porte-avions Charles de Gaulle, tous testés à leur retour à Toulon, 940 ont été testés positifs, 645 négatifs, les autres résultats de tests n’étant pas encore connus. Sur le porte-avions lui-même, 500 marins ont présenté des symptômes, 20 militaires sont hospitalisés, 8 sont sous oxygénothérapie et 1 est en réanimation. Les marins testés négatifs sont tous en quatorzaine en enceinte militaire, et font l’objet d’un suivi biquotidien du SSA. "Nous sommes et serons transparents", a-t-elle affirmé.

La directrice centrale a reconnu : "La contamination du porte-avions est un événement absolument majeur". "Il y aura sans nul doute des conséquences à tirer à l’issue de cette crise, qu’il s’agisse des spécialités médicales du SSA, ou du matériel".

Longuement interrogée par les sénateurs sur l’absence de mesures de prévention (dépistage, port de masques), Maryline GYGAX GÉNÉRO a reconnu qu’en l’état actuel des moyens de dépistage du SSA (tests "PCR"), il n’était pas possible de tester l’ensemble des unités militaires, non plus que de généraliser le port de masques, les masques FFP2 étant réservés aux soignants. La directrice centrale a reconnu que des mesures combinées, dont les mesures barrière, préconisées, étaient difficiles à mettre en œuvre sur un bâtiment par nature exigu. Une enquête de commandement et une enquête épidémiologique sont en cours.

Christian CAMBON (Les Républicains, Val-de-Marne) président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, a indiqué qu’il demanderait à la ministre des armées, au cours d’un contact téléphonique dans l’après-midi, au nom de la commission, un dépistage systématique des militaires avant projection en opération. "A l’heure où le Président de la République demande aux armées de poursuivre leur intense activité opérationnelle en France et en OPEX, il n’est pas compréhensible que les militaires ne bénéficient pas de tests avant leur départ en mission, pour leur sécurité mais aussi pour l’efficacité opérationnelle. " a-t-il déclaré.

La Directrice centrale a souscrit à l’objectif : "Nous portons espoir de tests de diagnostic rapide dans les prochaines semaines, donnant résultat en 15 minutes à partir de gouttes de sang". L’institut de recherche biologique des armées (IRBA) est "totalement mobilisé sur ces recherches".

Jean-Marie BOCKEL, co-rapporteur, a craint que cet épisode "ne débouche sur une crise de confiance". Christine PRUNAUD, co-rapporteur, a souligné le "déficit cruel en ces temps de crise de 100 médecins dans les effectifs du SSA" et a souligné la mobilisation "des réservistes et des élèves du SSA".

Les sénateurs ont rendu hommage à l’engagement total du SSA pour la gestion de la crise, et à la capacité d’adaptation du SSA, illustrée par le dispositif inédit de réanimation, l’EMR-SSA (Eléments Militaires de Réanimation) déployé en moins de 7 jours à Mulhouse.

Notant l’attrition des moyens pendant la précédente décennie, la Directrice centrale a rappelé que "le SSA répond présent à la hauteur de ses moyens, qui ne sont pas conçus pour répondre à un enjeu de santé publique à l’échelle de la Nation".


Le compte rendu sera prochainement disponible

Christian CAMBON (Les Républicains, Val-de-Marne) est président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

Jean-Marie BOCKEL (Union centriste, Haut Rhin) et Christine PRUNAUD (Communiste, républicain citoyen et écologiste, Cotes d’Armor) sont co-rapporteurs du programme "Préparation et emploi des forces"

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Jean-Christian LABIALLE
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