Le lundi 3 février 2020, une délégation sénatoriale conduite par Mme Sophie Primas (Les Républicains - Yvelines), présidente de la commission des affaires économiques du Sénat, s’est rendue à Saint-Nazaire dans le cadre de ses travaux portant sur le rachat des Chantiers de l’Atlantique par le groupe italien Fincantieri.

Après avoir annoncé en décembre dernier la création d’une "mission flash" et avoir entendu le directeur général des Chantiers, M. Laurent Castaing, la présidente Sophie Primas a souhaité rencontrer tous les acteurs locaux et constater sur le terrain la richesse des savoir-faire des chantiers et de l’ensemble des acteurs de cette filière industrielle majeure. "À la vue de cette cale, la plus grande d’Europe, des premières pièces du plus grand paquebot au monde actuellement en construction à Saint-Nazaire, et de la diversité des métiers qui contribuent à ces productions, on comprend l’ampleur des savoir-faire déployés par les Chantiers et l’atout que l’entreprise représente pour notre pays et ses territoires" a déclaré la présidente.

Accompagnée de sénateurs de la Loire-Atlantique et de la Vendée, la présidente de la commission a rencontré les représentants des organisations syndicales du site, qui ont fait part de leurs inquiétudes quant au devenir des emplois industriels français en cas de prise de contrôle des Chantiers par son concurrent italien Fincantieri. "Dans l’accord signé entre l’État et le constructeur italien, dont pas même les actionnaires minoritaires des Chantiers n’ont pu prendre connaissance, quelles garanties sont prévues pour assurer que Fincantieri ne privilégie pas ses sous-traitants locaux ou ne prenne la main sur la politique commerciale des Chantiers de l’Atlantique ?" s’est interrogée Sophie Primas.

D’autant que ceux-ci peuvent se prévaloir d’un carnet de commandes rempli pour près de dix ans, et d’une commande annoncée ce mois-ci pour deux milliards d’euros. "Le dynamisme des chantiers navals de Saint-Nazaire et sa bonne performance posent la question de la valorisation des parts qui seront cédées par l’État, qui a sans nul doute augmenté depuis la signature de l’accord en 2017" a-t-elle rappelé.

À la chambre de commerce et d’industrie (CCI) Nantes-Saint-Nazaire, la délégation s’est entretenue avec les dirigeants de plusieurs sous-traitants des Chantiers de l’Atlantique. Ceux-ci ont témoigné de la qualité de l’écosystème industriel local, près de 500 entreprises locales participant à la construction des paquebots et des navires réalisés par les Chantiers. Ils ont souligné que l’avenir du tissu local était directement lié au dynamisme du site, ce qui avait d’ailleurs motivé leur entrée au capital de l’entreprise. Alors que Fincantieri, le repreneur retenu par l’État, a conclu des accords de transfert de production de paquebots en Chine, et que celle-ci souhaite ouvertement mettre sur pied une filière nationale de construction navale complète, le projet signe-t-il la fin annoncée des milliers d’emplois industriels locaux ? La présidente a indiqué qu’il "s’agit là de questions que nous ne manquerons pas de poser au président directeur général de Fincantieri, M. Giuseppe Bono, qui sera entendu par la commission le 28 février prochain".

L’avenir du site français est toutefois suspendu à la décision de la Commission européenne, attendue au plus tard le 17 avril prochain, qui examine le rachat à l’aune du droit européen de la concurrence. Celle‑ci a déjà noté, en fin d’année dernière, que ce rapprochement entre les premier et troisième constructeurs européens pourrait porter atteinte à la concurrence. "Tous les acteurs locaux sont d’accord : si la Commission européenne rejette en avril prochain l’opération de rachat , il faut d’ores et déjà préparer le "plan B". L’alternative, c’est un projet industriel solide, où l’État conserve un rôle de stabilisateur et de garantie pour cet actif stratégique, mais qui reflète également une véritable stratégie industrielle et territoriale. La porte est ouverte à de nouveaux repreneurs industriels, mais le projet devra surtout inclure la participation de l’écosystème local public et privé, fortement mobilisé pour assurer l’avenir des Chantiers de l’Atlantique" a déclaré la présidente Sophie Primas.

La commission des affaires économiques publiera son rapport au début du mois de mars 2020.

La commission des affaires économiques est présidée par Sophie Primas (Les Républicains - Yvelines).

Philippe PÉJO
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