L’Europe doit se donner les moyens de se maintenir dans la conquête spatiale, estime la commission des affaires européennes du Sénat qui vient d'adopter un rapport à ce sujet.

Elle demande, avant tout, de sanctuariser, dans le prochain cadre financier pluriannuel, l’enveloppe budgétaire de 16 milliards d’euros proposée par la Commission européenne pour la période 2021-2027. Les sénateurs appellent aussi l’Union européenne à aller plus loin en soutenant sa filière spatiale, qui a enregistré de grandes réussites, pour affirmer sa souveraineté dans l’accès à l’espace et son autonomie en matière de défense.

Pour Jean Bizet, président de la commission des affaires européennes, "le secteur spatial, qui permet de collecter des données indispensables au développement économique et à la défense, est un volet déterminant de la souveraineté européenne".

Les rapporteurs, André Gattolin et Jean-François Rapin, appellent en outre l’Europe et la France à un nouveau récit pour la politique spatiale, capable d’entraîner l’adhésion des Européens. "Le spatial peut être un élément fédérateur autour duquel bâtir un projet commun et le sentiment d’appartenance à une Europe puissante", souligne André Gattolin.

Outre la réussite de ses programmes spatiaux, l’UE dispose de nombreux atouts comme le Centre spatial guyanais, qui doit être maintenu car il permet un accès souverain à l’espace. "Je crois en l’avenir de Kourou", déclare Jean-François Rapin. "Kourou est le port spatial européen et il doit le rester".

50 ans après les premiers pas de l’Homme sur la Lune, l’espace attise plus que jamais les convoitises, tant de la part de grands États comme les États-Unis, la Chine ou l’Inde, que de nouveaux acteurs privés venus du numérique. Ce regain d’ambitions souligne la dépendance des réseaux de communication aux technologies spatiales et l’intérêt stratégique d’en rester maître. C’est aussi ce qu’illustrent les récentes annonces des présidents français et américain sur la création de corps d’armée capables d’agir dans l’espace.

L’Union européenne est à l’initiative de deux des plus grandes réussites des vingt dernières années : Galileo, le programme de géolocalisation le plus précis au monde et présent sur les smartphones de dernière génération ; Copernicus, le programme d’observation de la Terre, unique au monde. Ce dernier est essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique et dans la gestion des situations de crises, comme l’a montré son apport dans la lutte récente contre les incendies au Portugal. Pour les sénateurs, l’Union européenne doit désormais inscrire ses programmes spatiaux dans l’économie de la donnée et en faire un volet stratégique de la future Europe de la défense.

Le rapport d’information , la proposition de résolution , ainsi que le compte rendu de la réunion du 4 juillet ‑ au cours de laquelle la commission des affaires européennes a examiné le rapport ‑ sont disponibles sur le site internet du Sénat.

M. Jean Bizet (Les Républicains - Manche) est président de la commission des affaires européennes.

MM. André Gattolin (La République en marche - Hauts-de-Seine) et Jean-François Rapin (Les Républicains - Pas-de-Calais) sont vice-présidents de la commission des affaires européennes.

http://www.senat.fr/europe/broch.html

Tina MIQUEL
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