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Protection des intérêts économiques stratégiques français : les outils sont là, pas la volonté politique, dit Arnaud Montebourg


Vendredi 12 juillet 2019

Alors que la Présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat, Sophie Primas (Les Républicains – Yvelines) rappelait que "chaque année depuis 1989, près de 50 000 emplois industriels disparaissent : force est de constater que la dynamique de désindustrialisation se poursuit", Arnaud Montebourg a fustigé, jeudi 11 juillet devant la commission, un manque de volonté de l’État dans la défense des entreprises françaises stratégiques : "Nous avons laissé, sous tous les gouvernements, la prise de décision économique se détacher du territoire national".

Revenant sur les exemples d’Arcelor, d’Alcatel, d’Alstom ou encore de Lafarge, il a estimé que "nous avions les moyens bloquer ces prises de contrôle" par des groupes étrangers, soulignant que c’est la volonté politique des dirigeants qui a souvent fait défaut, plutôt que les outils juridiques à la disposition de l’État.

L’ancien ministre, qui avait conduit en 2014 les négociations avec le groupe américain General Electric lors de son rachat de la branche d’activité "Énergie" d’Alstom, a insisté sur le défaut de transparence et de débat public autour de ces cessions, ainsi que sur le rôle des parlementaires : "C’est une forme de trahison des élites. […] Il faut que l’opinion publique et que les représentants désignés que vous êtes s’occupent de ces problèmes, et ne les laissent pas à quelques experts."

Arnaud Montebourg a souligné l’urgence d’une réaction au niveau français, mais aussi européen, estimant que "l’idée d’une Europe qui ne peut que nous protéger est une fable. Il y a désormais deux empires, l’un chinois, l’autre américain, qui s’affrontent sur notre dos sans que l’Europe ne se dote des moyens pour se défendre". L’ancien ministre a souligné le manque d’efficacité des mesures de défense commerciale de l’Union européenne, également pointé du doigt par le rapport sénatorial "Donner des armes à l’acier : accompagner la mutation d’une filière stratégique" de Valérie Létard (Groupe Union Centriste – Nord) publié la veille.

Interrogé par Martial Bourquin (Groupe Socialiste et Républicain – Doubs), co-rapporteur avec Alain Chatillon (Les Républicains – Occitanie) du rapport "Siemens-Alstom : pour un géant du ferroviaire véritablement franco-allemand" déposé en avril 2018, au sujet du rachat de la branche d’activité « Énergie » d’Alstom par General Electric, Arnaud Montebourg a évoqué la possibilité de faire annuler la cession, considérant que "les circonstances de la vente ont conduit à une violation de consentement".

Sophie Primas a indiqué que la commission des affaires économiques poursuivra à la rentrée ses auditions sur le thème de l’intelligence économique.

 

Pour revoir l'audition de M. Arnaud Montebourg : cliquer ici.

 

La commission des affaires économiques est présidée par Sophie Primas (Les Républicains – Yvelines).

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