Alors que la Présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat, Sophie Primas (Les Républicains – Yvelines) rappelait que "chaque année depuis 1989, près de 50 000 emplois industriels disparaissent : force est de constater que la dynamique de désindustrialisation se poursuit", Arnaud Montebourg a fustigé, jeudi 11 juillet devant la commission, un manque de volonté de l’État dans la défense des entreprises françaises stratégiques : "Nous avons laissé, sous tous les gouvernements, la prise de décision économique se détacher du territoire national".

Revenant sur les exemples d’Arcelor, d’Alcatel, d’Alstom ou encore de Lafarge, il a estimé que "nous avions les moyens bloquer ces prises de contrôle" par des groupes étrangers, soulignant que c’est la volonté politique des dirigeants qui a souvent fait défaut, plutôt que les outils juridiques à la disposition de l’État.

L’ancien ministre, qui avait conduit en 2014 les négociations avec le groupe américain General Electric lors de son rachat de la branche d’activité "Énergie" d’Alstom, a insisté sur le défaut de transparence et de débat public autour de ces cessions, ainsi que sur le rôle des parlementaires : "C’est une forme de trahison des élites. […] Il faut que l’opinion publique et que les représentants désignés que vous êtes s’occupent de ces problèmes, et ne les laissent pas à quelques experts."

Arnaud Montebourg a souligné l’urgence d’une réaction au niveau français, mais aussi européen, estimant que "l’idée d’une Europe qui ne peut que nous protéger est une fable. Il y a désormais deux empires, l’un chinois, l’autre américain, qui s’affrontent sur notre dos sans que l’Europe ne se dote des moyens pour se défendre". L’ancien ministre a souligné le manque d’efficacité des mesures de défense commerciale de l’Union européenne, également pointé du doigt par le rapport sénatorial "Donner des armes à l’acier : accompagner la mutation d’une filière stratégique" de Valérie Létard (Groupe Union Centriste – Nord) publié la veille.

Interrogé par Martial Bourquin (Groupe Socialiste et Républicain – Doubs), co-rapporteur avec Alain Chatillon (Les Républicains – Occitanie) du rapport "Siemens-Alstom : pour un géant du ferroviaire véritablement franco-allemand" déposé en avril 2018, au sujet du rachat de la branche d’activité « Énergie » d’Alstom par General Electric, Arnaud Montebourg a évoqué la possibilité de faire annuler la cession, considérant que "les circonstances de la vente ont conduit à une violation de consentement".

Sophie Primas a indiqué que la commission des affaires économiques poursuivra à la rentrée ses auditions sur le thème de l’intelligence économique.

Pour revoir l'audition de M. Arnaud Montebourg : cliquer ici.

La commission des affaires économiques est présidée par Sophie Primas (Les Républicains – Yvelines).

Mathilde DUBOURG
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