MM. Jacques Legendre (Les Républicains - Nord) et Gaëtan GORCE (Socialiste et républicain - Nièvre), rapporteurs du groupe de travail sur les migrants de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, et M. Michel Billout (CRC - Seine-et-Marne), rapporteur de la mission d’information sur l’accord UE-Turquie, ont entendu la semaine dernière M. Fabrice Leggeri, directeur de FRONTEX.

Cet entretien a été l’occasion de faire un point de situation sur les arrivées de migrants dans l’UE. Rappelant que plus de 1,8 million d’entrées irrégulières (correspondant à 1 million de personnes, compte tenu de la double comptabilisation des flux aux frontières de l’UE lors de la traversée des Balkans) avaient été enregistrées en 2015, le directeur de FRONTEX a constaté un tarissement à ce jour des arrivées par la route de Méditerranée orientale (de l’ordre de cinquante par jour contre 800 par jour en moyenne à l’hiver dernier et jusqu’à 2 800 par jour en février), sous le double effet de la fermeture des frontières sur la route des Balkans et de l’entrée en vigueur, le 20 mars dernier, de l’accord passé entre l’UE et la Turquie, en grande partie, s’agissant de ce dernier, grâce au renforcement du contrôle exercé par les forces de sécurité turques. Si des flux limités pénètrent par la Bulgarie et la Hongrie, aucune véritable route alternative ne se dessine de ce côté.

On assiste, en revanche, à une reprise significative des flux en Méditerranée centrale, principalement par la Libye, en provenance d’Afrique subsaharienne et de la Corne de l’Afrique. Cette reprise, non liée à un transfert de flux depuis l’est de la Méditerranée, rend nécessaire un redéploiement de l’effort opérationnel de FRONTEX vers cette zone. La principale difficulté étant la situation politique en Libye et l’absence d’une autorité politique légitime avec laquelle il serait possible de coopérer.

Pour les sénateurs, la situation actuelle est préoccupante, notamment sur le plan humanitaire, les traversées sur cette route et les trajets en amont étant particulièrement dangereux et meurtriers. Or, plusieurs centaines de milliers de candidats à un départ vers l’UE pourraient tenter leur chance prochainement, dont une grosse moitié n’aurait pas encore atteint la Libye.

Compte tenu des perspectives en Afrique, le défi à relever est immense. Cependant, pour M. Leggeri, "la politique migratoire ne se réduit pas à la gestion de la frontière". Plus que jamais, une approche globale des migrations, permettant un traitement des causes profondes, est nécessaire.

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