Les sénateurs Jacques Legendre (Les Républicains - Nord) et Gaëtan Gorce (Socialiste et républicain - Nièvre) se sont rendus jeudi 7 avril à Calais et à Grande-Synthe à la rencontre des réfugiés dans le cadre de la préparation de leur rapport pour la commission des affaires étrangères du Sénat sur la crise des migrants.

À Calais, ils ont visité le centre d’accueil provisoire et se sont entretenus avec plusieurs Afghans ayant fui leurs pays sous la menace des talibans, ainsi qu’avec un groupe de réfugiés syriens. Les sénateurs ont ensuite participé à une maraude sociale dans la "jungle", constatant les conditions difficiles dans lesquelles vivent encore de nombreuses personnes, malgré l’opération de réduction du camp menée depuis février et la politique de "mise à l’abri" des migrants.

Enfin, les sénateurs ont examiné la sécurisation des installations portuaires et d’accès au tunnel sous la Manche, qui rendent les passages depuis Calais plus difficiles et donc plus coûteux pour les migrants, et se traduisent par l’ouverture de nouvelles routes par les ports de Belgique, de Normandie et même de Bretagne. 

À cet égard, les sénateurs ont mesuré le rôle déterminant des réseaux de passeurs dans l’acheminement des migrants dans la région et la structuration des routes migratoires, même si, comme l’a souligné M. Jacques Legendre, "la lutte contre ces réseaux progresse". Quelque 800 trafiquants ont ainsi été arrêtés en 2015 sur le littoral du Nord-Pas-de-Calais, soit 20 % de plus qu’en 2014, notamment grâce à une coopération efficace avec Europol. "Avec la Grande-Bretagne, il existe une marge importante de progression en la matière" a cependant estimé Jacques Legendre.

L’après-midi, les sénateurs se sont rendus à Grande-Synthe, où ils ont visité le nouveau camp de la Linière, ouvert par la municipalité, avec le concours de Médecins sans Frontières (MSF), pour reloger 1 000 migrants, principalement des Kurdes irakiens dans des conditions humanitaires nettement améliorées.

Lors de leur visite, les sénateurs ont rencontré plusieurs organisations humanitaires intervenant dans le camp, en particulier MSF, l’UNICEF, Médecins du Monde, l’AFEJI, abordant notamment à cette occasion la situation des mineurs isolés, particulièrement vulnérables. Sur plusieurs centaines de mineurs étrangers isolés présents dans la région, seuls 90, potentiellement bénéficiaires de mesures de regroupement familial en Grande-Bretagne, seraient véritablement pris en charge. "La prise en charge des mineurs isolés doit être améliorée, l’accompagnement humain étant insuffisant et inadapté à leur profil de réfugiés", a estimé M. Gaëtan Gorce. Cela supposerait notamment, s’agissant du camp de Grande-Synthe, la mise en place sur site d’un "sas" vers les structures départementales de protection de l’enfance, permettant de stabiliser ces mineurs et de gagner leur confiance.

Les sénateurs remettront leurs conclusions dans un rapport d’information qui sera examiné en juin 2016.

Sophie de Maistre
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