A quelques semaines du prochain sommet de l’Élysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a adopté à l’unanimité un rapport choc sur la politique africaine de la France.

Issu du groupe de travail sur « la présence française dans une Afrique convoitée », co-présidé par M. Jeanny Lorgeoux (Loir et Cher – SOC) et M. Jean-Marie Bockel (Haut-Rhin – UDI-UC), ce rapport souligne le paradoxe d’une France qui, après avoir été l’un des seuls pays à poursuivre, après les indépendances, une politique africaine, devrait mettre en chantier la définition d’une stratégie à long terme sur ce continent aujourd’hui convoité. Les Chinois, les Indiens, les Brésiliens, les Américains, les Marocains ou les Turcs, qui investissent massivement dans ces pays, ont défini des stratégies africaines qu’ils mettent méthodiquement en œuvre.

Pour Jeanny Lorgeoux, « l’intervention exemplaire au Mali ne doit pas faire illusion. Alors qu’une partie de l’Afrique subsaharienne connaît une croissance et une transformation sans précédent, et que l’autre sombre dans le sous-développement, la présence de la France est en recul, alors même qu’elle a une relation sans équivalent avec le continent».

Pour Jean Marie Bockel, « une Afrique de 2 milliards d’habitants à 14 km du sud de l’Europe avec autant d’opportunités et de risques devrait être une préoccupation centrale ».

L’Afrique de demain sera un formidable moteur de croissance pour l’Europe et, à l’inverse, son échec pourrait être un cauchemar. Le rapport définit 10 priorités et 70 mesures pour relancer les relations de la France avec les pays africains dans un partenariat d’égal à égal, fondé sur des intérêts communs.

Le rapport aborde sans tabou tous les domaines de la relation franco-africaine avec, en priorité, les aspects économiques, militaires, culturels et de développement. Il propose une stratégie ambitieuse et cohérente qui renouvelle le discours de la France sur l’Afrique et le pilotage de la politique Africaine. Parmi les 70 propositions du rapport figurent notamment un Livre blanc sur l’Afrique, la création d’un ministère de la coopération internationale de plein exercice, une structuration régionale de notre dispositif diplomatique sur le continent et une meilleure association de l’Agence française de développement (AFD) à la défense des intérêts français.

Compte tenu des enjeux de sécurité, le rapport souligne la nécessité de donner une dimension africaine à la présence militaire française de manière à accompagner les efforts de l’Afrique pour assurer sa propre sécurité. Le rapport propose de maintenir nos points d’appui, mais d’adapter notre dispositif afin de disposer de capacités réactives et flexibles en fonction de l’évolution des besoins, notamment au Sahel.

Dans le domaine culturel, les sénateurs tirent la sonnette d’alarme sur les difficultés que rencontre la francophonie malgré une dynamique démographique favorable et prônent un assouplissement des conditions d’entrée et de séjour en France pour que la France redevienne une terre d’accueil privilégiée des étudiants, des artistes et des chefs d’entreprise africains. Par ailleurs, ils proposent la création d’une université francophone pilote à Dakar, à l’image de l’université Paris-Sorbonne-Abou Dhabi ainsi que le développement de l’enseignement universitaire numérique à distance.

Considérant qu’une partie importante de l’avenir de la France est en Afrique, les sénateurs souhaitent à travers ces propositions « relancer les relations de la France avec les pays africains fondées sur des intérêts communs dans un partenariat rénové ».

Sophie de Maistre
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