La commission des affaires sociales, présidée par Annie David (CRC – Isère), publie le rapport d’information de Jean-Pierre Godefroy, sénateur (Soc – Manche) et Chantal Jouanno, sénatrice (UDI – Paris), sur la situation sanitaire et sociale des personnes prostituées.

Bien que la position abolitionniste de la France soit a priori dépourvue de toute ambigüité, peu de sujets soulèvent autant de controverses et de passions que celui de la prostitution. Chacun semble en avoir une idée précise, soit pour la condamner comme une violence faite aux femmes, soit pour la défendre comme la traduction de la libre disposition du corps humain. Parce qu’elle renvoie à deux sujets tabous entre tous que sont la sexualité et l’argent, la prostitution suscite à la fois des réactions de rejet et de fascination qui semblent empêcher toute construction d’un discours apaisé susceptible d’être partagé par le plus grand nombre.

Dans le cadre de la mission qui leur a été confiée par la commission des affaires sociales, Jean-Pierre Godefroy et Chantal Jouanno ont souhaité dépasser ces clivages idéologiques afin d’analyser le plus objectivement possible les enjeux sanitaires et sociaux de la prostitution, dont le visage a fortement évolué ces vingt dernières années en raison de l’influence grandissante des réseaux de proxénétisme et de traite.

Malgré le peu de données statistiques et d’études disponibles sur le sujet, les rapporteurs dressent le constat d’une grande vulnérabilité sanitaire des personnes prostituées, qui se caractérise par un état de santé globalement très préoccupant et un recours aux soins largement insuffisant. Alors que ces personnes bénéficient théoriquement des mêmes droits sociaux que les autres citoyens, elles n’accèdent, dans les faits, que très difficilement aux dispositifs sociaux. La situation est particulièrement inquiétante s’agissant des personnes prostituées étrangères exerçant sous l’emprise des réseaux.

Dans ce contexte, les rapporteurs sont convaincus que, sans présager des éventuelles évolutions du cadre légal de la prostitution qui pourraient intervenir dans les prochains mois, il est d’ores et déjà possible de tracer les pistes d’un accompagnement social global des personnes prostituées, qui permette de leur offrir des alternatives crédibles en termes de garantie de revenus, d’hébergement, de formation professionnelle et de suivi psychologique.

Il est urgent d’agir et d’inverser le regard que porte la société sur ces personnes : c’est tout l’enjeu des 34 propositions qu’ils formulent.

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Juliette Elie
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