Jusqu'où aider la presse, s'interroge la commission des finances à l'issue de sa mission de contrôle budgétaire.

Suite à sa mission de contrôle budgétaire sur le fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale et à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale, conduite en application de l'article 57 de la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF), M. Paul Loridant (CRC, Essonne), rapporteur spécial des crédits des comptes spéciaux du Trésor, a présenté les conclusions de ses travaux devant la commission des finances du Sénat, présidée par M. Jean Arthuis (UC, Mayenne).

Au cours de sa mission, M. Paul Loridant a été conduit d'une part à définir la nature de la crise traversée par la presse quotidienne et d'autre part à « questionner » les instruments de soutien inventés par la puissance publique et à mesurer leur efficacité.

Selon M. Paul Loridant, la crise de langueur que connaît de longue date la presse française est rendue intenable par le cycle baissier récent. Il invite ainsi à une prise de conscience des nouvelles conditions de marché. M. Paul Loridant est apparu frappé de la vitalité de la presse dans d'autres pays européens et de la concurrence tonique introduite par de nouvelles formes de presse, comme les gratuits, qui apportent la preuve que les Français, à commencer par les plus jeunes, même issus des classes populaires, souhaitent toujours lire la presse.

Le fonds de modernisation de la presse participe de cette prise de conscience nécessaire. D'un volume financier relativement modeste, 24,5 millions d'euros, ce fonds ouvre la voie à un redéploiement des crédits publics, à partir des subventions d'exploitation actuelles, inconditionnelles et permanentes, vers des aides dédiées à des projets, limitées dans le temps. Cinq après sa création, l'effet de levier du fonds est décisif face à l'apparition d'un nouveau cycle « schumpeterien » lié aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Les investissements de la presse quotidienne ont été très significatifs sur la période : ils s'établissent à plus de 370 millions d'euros, pour une participation publique inférieure à 30 %.

M. Paul Loridant relève néanmoins des limites dans le fonctionnement du fonds, liées à des quotas implicites de répartition des aides, à des reports significatifs en gestion, de l'ordre de 34,5 millions d'euros, soit 140 % des crédits alloués en 2004, et à une approche plus juridique qu'économique dans l'examen des dossiers réalisé par le comité d'orientation. Le fonds d'aide à la modernisation n'a pas permis une amélioration substantielle de la rentabilité des entreprises de presse. Il conviendrait de s'interroger sur l'opportunité de financer une modernisation technologique alors même qu'une modernisation sociale complète du secteur n'est pas encore intervenue.

M. Paul Loridant formule, dès lors, plusieurs propositions parmi lesquelles la budgétisation du fonds, un relèvement des taux de cofinancement et des plafonds, un élargissement du comité d'orientation du fonds à des personnalités indépendantes extérieures aux entreprises de la presse, une sélection des dossiers en fonction du retour sur investissement attendu et de la qualité du « business plan », ainsi que la mise en place effective d'une commission de contrôle et d'évaluation.

Enfin, parce que toute crise, toute mutation d'un secteur économique, a une fin, il propose de prévoir la clôture du fonds, à échéance 2010. Si l'Etat ne peut assurer le quotidien des entreprises de presse, il peut en revanche les accompagner de manière exigeante dans un changement décisif pour leur avenir.

Contact presse : Stéphanie Garnier : 01 42 34 25 12 ou 25 13 s.garnier@senat.fr