Discours d’ouverture de M. Gérard LARCHER, Président du Sénat
à l’occasion du colloque sur le rôle et la place des femmes
dans la vie économique et entrepreneuriale en outre-mer
Mercredi 20 février 2019
(Salle Clemenceau)


      
Madame la Présidente de la Délégation aux droits des femmes, Chère Annick Billon,
Monsieur le Président de la Délégation aux outre-mer, Cher Michel Magras,
Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs,
Mes chers collègues,
Chers Mesdames et Messieurs,
      
A quelques jours de la Journée internationale des droits des femmes, vous avez souhaité, chers collègues, mettre en lumière, l’influence et le rôle des femmes ultramarines dans le développement économique de leur territoire en consacrant cet après-midi à des témoignages et à des échanges avec des femmes engagées : engagées dans les organisations représentant le tissu entrepreneurial de nos outre-mer ; engagées dans le secteur agricole, secteur essentiel des économies ultramarines ; mais aussi, avec des femmes particulièrement audacieuses en matière d’innovation économique.

Ce sont ces femmes passionnées, ambitieuses pour elles-mêmes, pour leur famille et leur territoire que vous avez choisi de mettre à l’honneur lors de ce colloque organisé par la Délégation aux outre-mer et par la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Cette initiative commune à ces deux délégations est une première au sein de notre Haute Assemblée et revêt une importance particulière grâce aux nombreuses participantes venues de tous les départements et collectivités d’outre-mer, témoignant ainsi leur intérêt pour cet événement. Je leur souhaite au nom du Sénat la bienvenue au Palais du Luxembourg.

Je remercie très chaleureusement la Présidente Annick Billon et le Président Michel Magras ainsi que les membres de leur délégation pour cette belle initiative qui permet de nouer des partenariats avec les acteurs économiques locaux et renforcer les liens de proximité avec le monde des entreprises, acteur essentiel de la vie de nos territoires. Cette approche territoriale est d’autant plus pertinente au regard de la singularité et des spécificités qui caractérisent les économies ultramarines.

De plus, nous connaissons le rôle structurant de nos TPE et PME dont le maillage est vital pour nos territoires en termes de rayonnement, d’équilibre et de cohésion sociale. Il est vrai qu’ici, au Sénat, nous avons un regard particulier sur la valorisation des potentiels locaux puisque de par la Constitution, notre Assemblée représente les territoires.

La valorisation et la promotion de l’entrepreneuriat  féminin doivent être envisagées tout particulièrement dans les territoires ultramarins en tant que levier de développement, de croissance, d’innovation mais aussi comme source d’émancipation des femmes, même si souvent l’autorité dans la sphère familiale est essentiellement maternelle ! Aussi, nous ne pouvons que regretter le manque d’études statistiques sur ce sujet et sans doute il va falloir en initier.

La rencontre d’aujourd’hui – comme ce fut le cas lors des conférences économiques de bassins organisées ces dernières années par notre Délégation aux outre-mer – ne manquera pas de mettre en lumière les nombreuses initiatives innovantes qui voient le jour dans les collectivités ultramarines. Le rôle de laboratoire d’innovation de ces dernières face aux grands défis (mondialisation, changement climatique et vieillissement des populations) est en effet aujourd’hui unanimement reconnu. Les entrepreneurs de ces territoires doivent faire preuve de toujours plus de créativité, d’anticipation pour dessiner l’avenir de secteurs clés comme l’économie bleue, verte, l’énergie, le numérique ou encore le médical.

Enfin, nous ne pouvons que nous réjouir de cette initiative qui donne une visibilité concrète aux travaux menés par nos délégations sénatoriales sur les sujets les plus variés, travaux indispensables pour éclairer et enrichir le débat parlementaire.
Le nombre, la diversité des profils et la qualité des intervenantes à ce colloque traduisent les évolutions qu’a connues au cours de ces dernières années l’entrepreneuriat. Ils montrent l’influence des femmes dans le monde économique en général et ultramarin en particulier. Les femmes par leur dynamisme et leur détermination sont devenues des acteurs incontournables.

Vous me permettrez de leur rendre hommage  car en plus des difficultés liées au monde du travail, elles sont soumises à d’autres contraintes. Elles doivent en effet concilier vie familiale et vie professionnelle et aussi parfois redoubler d’ardeur face au scepticisme de ceux qui considèrent – encore trop souvent – que l’entrepreneuriat serait d’abord une affaire d’homme.

Je considère, quant à moi, que l’entrepreneuriat féminin est une richesse pour l’économie française et que les pouvoirs publics doivent tout mettre en œuvre pour favoriser cette voie dès le parcours éducatif mais aussi en renforçant l’accompagnement des créatrices d’entreprises. En effet, en termes de financement, si hommes et femmes rencontrent les mêmes difficultés, le taux de rejet de crédits bancaires est supérieur chez les femmes : 4,3 % contre 2,3 % chez les hommes selon une étude réalisée en 2017 pour la Fondation Entreprendre et Axa.

Vous avez également souhaité, chers collègues, consacrer au cours de cet après-midi une séquence spécifique dédiée au rôle des femmes dans l’agriculture, dans le prolongement d’un travail approfondi accompli par la Délégation aux droits des femmes et du colloque sur les agricultrices organisé en 2017.

Je me réjouis de ce choix car les femmes – qu’elles soient des outre-mer ou de l’hexagone – jouent un rôle essentiel dans le secteur agricole. Elles représentent plus du quart des chefs d’exploitations et des co-exploitants et dans les jeunes générations, elles sont souvent plus diplômées que les hommes. Dans tous les territoires ultramarins, exceptés à Mayotte et à Saint-Pierre-et-Miquelon, la part des diplômés « bac et plus » est largement plus importante chez les femmes que chez les hommes.

En outre, les études du ministère de l’agriculture montrent qu’elles ont une appétence plus grande que les hommes pour répondre aux nouvelles demandes de la société qu’il s’agisse par exemple du bio, de la vente directe ou encore du développement de l’agritourisme. Ce ne sont là que quelques exemples car les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire sont particulièrement générateurs de nouveaux projets. Les femmes sont porteuses d’innovation sur tous nos territoires.

Ainsi, à l’image de la France hexagonale, elles sont souvent pionnières, contribuant à la modernisation du monde agricole et à la dynamisation du monde rural.

Nos Délégations aux droits des femmes et aux outre-mer, en valorisant aujourd’hui l’entrepreneuriat au féminin, contribuent à donner envie à d’autres femmes de se lancer et de réussir. Notre pays a besoin de leur passion, de leurs talents et de leur ambition pour progresser.

Je vous souhaite de riches échanges et vous assure que le Sénat, dans toute sa diversité, est à votre écoute et à vos côtés pour faire vivre vos entreprises et contribuer au développement de vos territoires.

Seul le prononcé fait foi