Discours du Président du Sénat, M. Gérard Larcher,
à l’occasion de la célébration de la Fête nationale
- Consulat général de France à Milan -
14 juillet 2015

 
Monsieur le Consul général,
Monsieur le Préfet, Signor Prefetto,
Monsieur le Maire de Milan, Signor Sinn-daco
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, puis-je vous présenter la délégation qui m'accompagne, mes collègues Présidents Mme Morin-Desailly, M. Zocchetto, M. Placé, ainsi que M. Charon et Mme Estrosi-Sassone,
Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les conseillers consulaires,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
 

Vorrei inviare un saluto caloroso a voi tutti in occasione della nostra festa nazionale.
 
Je tiens à vous remercier, Monsieur le Consul général, pour l’accueil avec mes collègues sénateurs que vous nous avez réservé, ainsi qu’à nous tous ici présents. Je sais qu’il s’agit de votre premier 14 juillet à Milan : l’assistance nombreuse démontre à quel point vous avez engagé un travail de qualité, entre présidence italienne de l'Union européenne et exposition universelle, à la fois auprès de nos compatriotes et de nos amis italiens.
 
Je m’adresserai, en premier lieu, à nos compatriotes.
 
J’ai tenu à célébrer ce premier 14 juillet de mon second mandat en tant que Président du Sénat à la fois en France, mais aussi parmi vous, Français qui vivez à l’étranger.
 
À travers vous, en ce jour de Fête nationale, c’est à tous ceux qui ont choisi de vivre en dehors de nos frontières que je tiens à adresser un message de solidarité. Vous donnez l’image d’une France dynamique, ouverte sur l’extérieur : les amis italiens, venus en nombre à vos côtés, en témoignent. En cette période de doute qui assaille nombre de Français, vous êtes l’antithèse de la France du repli.
 
Je ne minimise pas cependant les difficultés inhérentes à l’expatriation, où qu’elle soit, qu’il s’agisse, souvent, des conditions de sécurité - je pense particulièrement à nos compatriotes installés dans des zones sensibles-, de l’éducation des enfants ou des aides sociales, alors que les services de l’État tendent à se contracter du fait des exigences budgétaires. Je tiens à vous assurer de l’écoute attentive du Sénat français : les communautés françaises à l’étranger doivent bénéficier des mêmes droits que l’ensemble de nos compatriotes. Elles ne sont pas des communautés privilégiées, comme certains, à tort, le laissent encore entendre, de façon caricaturale.
 
Je souhaite m’adresser plus particulièrement à vous, Français qui vivez en Italie, dans ce pays ami, avec lequel notre destin est si entremêlé depuis des siècles. S’il existe une conscience européenne, c’est bien ici à Milan, ville à l’histoire prestigieuse et si proche de la France, qu’elle doit se manifester. S’il existe une conscience européenne, c’est bien à travers vous, citoyens français ayant fait le choix de vivre dans un autre pays européen, qu’elle doit s’incarner.
  
Gardons confiance : malgré la crise, malgré les difficultés économiques, malgré les turbulences, l’idéal européen demeure une idée forte. Ici plus qu’ailleurs, on en ressent à la fois la profondeur de l’histoire et les promesses pour l’avenir.
 
Cet idéal européen demande des efforts de tous. La Grèce reste dans la zone euro, c'est ainsi. Mais il faudra du temps pour rétablir la confiance et le gouvernement grec devra faire toute sa part du chemin. Les promesses non tenues et les volte-face devront être derrière nous !
 
Mesdames et Messieurs, chers amis,
 
C’est alors que les défis s’amoncellent, que les menaces se font plus pressantes, que la relation entre la France et l’Italie doit être plus forte.
 
J’étais à Rome, au mois d’avril dernier, lorsque 700 migrants venant de pays d’Afrique subsaharienne ont péri en mer. J’ai rencontré le Procureur de Catane et le Directeur central de la police de l'air et des frontières italiennes. Ils m’ont décrit, avec gravité et émotion, la situation.
 
Je veux rendre hommage aux autorités italiennes, aux organisations caritatives mais aussi aux citoyens italiens pour l’humanité avec laquelle ils répondent aux défis des migrations.
 
Les pays européens ne peuvent pas laisser seule, face à ce désastre humain, l’Italie, que le hasard de la géographie a placé sur la route des migrants. Imaginons que des milliers de personnes débarquent sur les plages françaises de la Méditerranée : quelle serait notre attitude ?
 
Il n’existe pas de solution toute faite. Nous devons agir ensemble, de manière concertée : pour renforcer encore la frontière extérieure de l’Union et les moyens de l’agence chargée de sa protection, Frontex ; pour démanteler les réseaux de trafiquants qui se livrent au commerce des femmes, des enfants et des hommes ; pour lutter contre le terrorisme et remédier aux foyers d’instabilité sur lesquels il prolifère ; pour conclure des accords avec les pays dont sont originaires les migrants, et faciliter leur retour, avec le soutien de fonds européens. L'exemple de l'Espagne doit servir de référence : souvenons-nous des drames des Canaries.

Je le répète : le premier devoir de la solidarité européenne, c’est d’aider l’Italie à tout mettre en œuvre pour faire face à l’afflux des migrants.
 
Mesdames et Messieurs, mes chers amis,
 
Le terrorisme fait le lit des migrations. Vous connaissez l’engagement de la France, souvent trop seule, pour aider des pays qui, en Afrique subsaharienne, luttent courageusement contre le terrorisme. Au Mali, en République centrafricaine, dans le cadre de l’opération Barkhane qui englobe toute la région du Sahel, mais aussi en Irak ou au Liban, les militaires français répondent présents.
 
En ce jour de Fête nationale, vous me permettrez d’avoir avec vous, chers compatriotes et chers amis italiens, une pensée pour nos soldats, pour leurs familles et leurs proches. Ils sont l’honneur de notre Nation mais ils portent aussi haut, au prix de leur vie, les valeurs que défend l’ensemble des pays de l’Union européenne. N’oublions pas qu’ils combattent pour nous tous. Leur engagement renforce notre sécurité.
 
Je terminerai, Mesdames et Messieurs, chers amis, pour une note d’espoir et, à nouveau, de solidarité.
 
Milan est en ce moment la capitale du monde. À Milan s’est donnée rendez-vous la planète tout entière pour partager ses expériences sur un enjeu qui nous concerne tous : « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». C'est l'un des défis majeurs pour stabiliser des populations entières, déshéritées ou en proie aux conflits ethniques ou religieux, et poussées inexorablement sur les chemins de la migration.
 
En visitant le Pavillon français, je souhaite manifester l’excellence de l’agriculture française. Nos produits agricoles, dans leur diversité, font partie du patrimoine de la France, de son identité, et nous pouvons en être fiers ! Nos producteurs traversent aujourd'hui des difficultés. Il faut les soutenir : pour cette raison, j’ai décidé de réunir le 16 juillet, au Sénat, l'ensemble des acteurs de la filière de l'élevage, afin d’examiner les moyens de renforcer la compétitivité de notre filière agroalimentaire.
 
On oppose trop souvent agriculture et développement durable. C'est une erreur. Nos producteurs font des efforts considérables en faveur du développement durable. La question de la sécurité alimentaire sera au cœur de l’adoption de nouveaux objectifs de développement pour l’après 2015. Elle constituera aussi l’un des volets incontournables de la Conférence Paris Climat 2015, événement majeur de l’agenda multilatéral de ce 2nd semestre.
 
Je visiterai, bien entendu, le Pavillon italien. L’Italie et la France ont en commun le goût du terroir et de la gastronomie, des trésors de culture qui ne cessent d’étonner les visiteurs, la richesse de leurs patrimoines. Nos deux pays savent faire l’unité dans la diversité !
 
J’ai enfin souhaité manifester mon amitié à des pays qui ont été les victimes du terrorisme –je pense à la Tunisie-, ou qui en subissent les conséquences –je fais référence au Liban, qui accueillent sur son territoire un nombre de réfugiés équivalent au tiers de sa population. Je saluerai également nos voisins algériens, qui nous aident concrètement dans la lutte contre les djihadistes.

Monsieur le Consul général,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
 
Les expositions universelles sont nées d’une croyance dans le progrès irréductible de l’Humanité. Elles sont filles des Lumières. C’est dans la fidélité à cet héritage que la France s’est portée candidate pour accueillir l’exposition universelle en 2025. L’originalité de cette candidature, c’est qu’elle concerne la France tout entière, et pas seulement Paris. Des pavillons, selon les thématiques, verront ainsi le jour à Lyon, Marseille, Bordeaux et dans bien d’autres villes encore. Plus d’un siècle après la dernière exposition universelle organisée dans notre pays (c’était en 1900), la France entend à son tour accueillir ce rendez-vous mondial du progrès et de la modernité. Nous comptons sur votre soutien !
 
Je vous souhaite à nouveau un joyeux 14 juillet.
 
Vive Milan, capitale du monde ! Vive l’amitié entre l’Italie et la France !  Vive la République ! Vive la France !