Discours séance 13 janvier 2014


Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

« Je préfère mourir debout que vivre à genoux »

Tels étaient les propos de Charb, en septembre 2012.

Ils sont morts « debout » ; Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré, Bernard Maris et leurs camarades, Elsa Cayat, Michel Renaud, Mustapha Ourad, Frédéric Boisseau. Eux qui n’avaient que leur crayon, leur carton, leurs convictions, leur vie, ils ont été frappés par les balles du Fanatisme qui croit qu’on peut aussi tuer les Idées, la Liberté.

Oui « liberté », celle de penser, celle de s’exprimer, celle de dessiner, y compris quand cela nous dérange…

Clarissa Jean-Philippe, policière municipale à Montrouge, Frank Brinsolaro, Ahmed Berabet, policiers, sont morts dans l’exercice de leurs fonctions. Ils sont morts pour l’Etat de Droit, pour l’ordre Républicain, victimes de leur devoir.

Avec vous, je veux saluer le grand professionnalisme, le courage de nos forces de police et de gendarmerie, elles sont l’honneur de notre Pays.

Yohan, Yohav, Philippe, François-Michel, leurs vies innocentes se sont arrêtées par la haine nourrie dans l’Ignorance de l’Autre à la veille de la journée consacrée par eux à la Prière.

L’antisémitisme, celui de la Porte de Vincennes, après celui de Créteil, de Bruxelles, de Toulouse, c’est l’Antithèse du visage de la France.
Notre Pays s’est rassemblé.

Je voudrais saluer l’action du Président de la République et de l’exécutif, saluer l’esprit de responsabilité des mouvements politiques de la Majorité comme de l’Opposition.

La République vient de se dresser dans cette épreuve, elle a cheminé dans un long cortège de dignité, de Refus et de Silence.

Oui, « Liberté… j’écris ton nom !... et par le pouvoir d’un mot, je recommence ma vie… »

Oui, « Vivre ensemble », c’est tellement plus fort que nos différences !

Oui, « Fraternité » n’est pas qu’un mot au triptyque Républicain.

Samedi, Dimanche, ils étaient des milliers, ils étaient des millions,

Partout, à Paris, dans chacune de nos villes et chacun de nos bourgs pour crier que la France qui est la Nôtre, c’est celle de la Fraternité et que jamais elle ne se laisserait aller aux complaisances de la haine, du rejet, du fanatisme.

Mais cette « levée » en masse, cette « levée » de citoyens nous oblige !

Ces drames nous obligent à l’Unité,

Ils nous obligent au courage,

Ils nous obligent à l’action.

Nos mains, nos esprits ne peuvent trembler.

Il nous faut lucidement faire notre devoir d’exigence absolue.

Il nous faut analyser en profondeur comment, dans le pays des Lumières, peut se construire une telle expression de la barbarie et du crime.

Il nous faut traiter plusieurs questions ; des questions concrètes, car ce sont aussi celles auxquelles nos concitoyens attendent des réponses :

* la question de l’organisation du renseignement,
* la question du prosélytisme dans nos prisons,
* la question des réseaux sociaux utilisés pour véhiculer des messages de haine que l’on continue à voir « bourgeonner » tels des bubons,
* la question de l’Education qu’elle soit à la Citoyenneté ou la connaissance de l’Autre au travers de ses origines, de sa religion.

Ces questions-là et d’autres encore, nous avons le devoir de les entendre et d’y répondre.
Mes chers collègues, la compassion, la tristesse vont nous étreindre encore : ce matin à la préfecture de police et à Jérusalem, dans quelques jours aux Invalides.

Mais pour que la paix soit mieux qu’une « Incantation » répétée avec ferveur, il nous faut agir, agir en nous écoutant les uns les autres, agir aussi dans l’exigence et sans faiblesse. C’est notre devoir de parlementaire et le Sénat fera son devoir ! J’y veillerai et je prendrai les initiatives qui m’incombent.

(Minute de silence ! suivie de la Marseillaise)