EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Le Venezuela fut pendant longtemps le pays le plus développé de l'Amérique latine. À titre d'exemple, le Concorde, dès sa mise en service, reliait Paris à Caracas, ville très fréquentée et centre économique de la région. La démocratie au Venezuela durait depuis 1958, année de naissance de la Cinquième République en France. Aujourd'hui, le Venezuela est une dictature féroce. Nicolás MADURO et ses appuis militaires persécutent, impressionnent, font disparaître et massacrent la population, surtout ceux qui osent questionner son pouvoir comme ce conseiller municipal, Fernando ALBÁN, qui a été jeté du dixième étage par le service d'intelligence militaire du régime, cela en plein jour et au coeur de Caracas.

Nicolás MADURO exerce en tant que Président illégitime depuis mai 2018, moment où la France et l'Union européenne ont décidé de ne pas reconnaitre le résultat d'un scrutin frauduleux. Le seul pouvoir démocratiquement élu qui résiste est l'Assemblée nationale et son président, Juan GUAIDÓ, qui exerce désormais en tant que président par intérim jusqu'à l'organisation d'élections réellement libres.

Le Venezuela est aujourd'hui à l'image de son espace aérien : vide, isolé et pratiquement dans le noir. Ceci a été orchestré par le pouvoir chaviste qui a détruit le cadre institutionnel, mis à bas le secteur privé et soumis la population pour piller librement les ressources du pays. Ce pouvoir s'appuie sur, ou laisse librement agir, des forces hétéroclites : une armée corrompue, des groupes progouvernementaux armés (les colectivos), ainsi que des membres d'anciens groupes terroristes colombiens, ces deux derniers étant très violents et échappant à tout contrôle. Le chavisme compte également avec le soutien de la Russie, dont les récentes tentatives de réaffirmation sur la scène internationale représentent une menace, déjà identifiée en 2013 dans le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale française.

Pour ces raisons stratégiques, et face à une telle dégradation de la situation en matière de démocratie, de droits humains, d'écologie comme de droits sociaux et économiques, la France ne peut rester indifférente.

- Depuis 2014 : 14 471 personnes ont été arrêtées pour des motifs politiques. Plus de 850 personnes sont encore en prison, certains civils sont jugés inconstitutionnellement devant la juridiction pénale militaire.?Au premier trimestre de 2019, il y a eu 6 211 manifestations, soit environ 69 manifestations par jour. Mais le bilan est lourd : 51 manifestants ont été abattus par les forces de l'ordre ou les colectivos juste pour l'année 2019.

La violence est devenue une politique d'État : entre 2016 et 2017 plus de 6 515 personnes ont été exécutées par les forces de l'ordre dans le cadre des OLP ( Operación Liberación y Protección del Pueblo ) selon un rapport d'Amnesty International.

- 94 % des Vénézuéliens vivent en situation de pauvreté : cela serait l'équivalent de 63 millions de Français En raison de cette situation dramatique, les Vénézuéliens partent massivement. Selon un rapport récent de l'ONU, d'ici à 2020, environ 8 millions de Vénézuéliens auront quitté leur pays. Ce chiffre est supérieur au nombre de personnes ayant quitté la Syrie en guerre. Même si le Venezuela paraît lointain, nous ne pouvons pas oublier nos territoires d'outre-mer présents dans son environnement régional et qui pourraient pâtir de l'aggravation de la crise, tant sur le plan migratoire qu'économique.

- Le pays subit une augmentation de 70 % de la mortalité maternelle et de 30 % de la mortalité infantile. Selon l'ONG Caritas Venezuela, près de 12 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de dénutrition ; 300 000 enfants sont en risque et ils pourraient mourir de faim.

- Enfin, en vingt ans de chavisme, 393 milliards d'euros d'actifs issus de faits de corruption sont sortis du Venezuela selon la Commission des finances du Parlement vénézuélien.

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