Mercredi 18 mai 2016, le groupe interparlementaire d’amitié France-Turquie, présidé par M. Jacques Mezard (Cantal, RDSE), s’est entretenu avec S.E.M. Hakki Akil, Ambassadeur de Turquie, accompagnée de sa conseillère, Mme Ayça Sarıtekin.

Outre le Président Jacques Mézard, étaient présents à cette réunion : MM. Jean-Marie Bockel (Haut-Rhin, UDI-UC), Jean-Yves Leconte (Français établis hors de France, Socialiste et républicain), Jeanny Lorgeoux, secrétaire du groupe (Loir-et-Cher, Socialiste et républicain), Philippe Madrelle, vice-président du groupe (Gironde, Socialiste et républicain), André Reichardt (Bas-Rhin, Les Républicains), Jean-Pierre Sueur (Loiret, Socialiste et républicain) et Mme Catherine Tasca (Yvelines, Socialiste et républicain).

Parmi les sujets abordés lors de cet entretien, l’accord entre l’Union européenne et la Turquie sur l’accueil des réfugiés, le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, le dossier chypriote et la situation intérieure de la Turquie ont fait l’objet d’échanges nourris.

Concernant l’accueil des réfugiés, S.E.M. Hakki Akil, Ambassadeur de Turquie, a souligné l’effort financier que représente l’accueil de plus de 2,5 millions de réfugiés en Turquie, rappelant que les dépenses engagées correspondent à 1,5 % du PIB. Il s’est également félicité que l’accord sur les réfugiés ait ouvert un champ de coopération étroite entre la Turquie et l’Union européenne, récusant l’idée d’un chantage turc pour obtenir la libéralisation des visas alors que ce processus a été engagé il y a maintenant plus de 2 ans et demi, son terme ayant été simplement avancé à l’automne 2016 au lieu de 2017. A cet égard le Président Jacques Mézard a fait valoir le rôle essentiel de filtre de la Turquie, porte d’entrée pour les réfugiés en Europe, indiquant que sur le flot de réfugiés accueillis en Turquie, seuls 40 % d’entre eux viennent de Syrie, les autres venant d’Iran, d’Afghanistan ou du Pakistan. L’Ambassadeur a confirmé ce point, rappelant que depuis la signature de l’Accord avec l’Union européenne, le flux d’entrées des réfugiés vers les Iles grecques commençait à se tarir, ayant été ramené de 6000 à 50 entrées par jour en moyenne.

Concernant le processus d’adhésion à l’Union européenne, l’Ambassadeur a estimé que les critères d’entrée appliqués à la Turquie étaient plus stricts que ceux qui ont prévalu pour la Bulgarie ou la Roumanie par exemple. Répondant aux interrogations des sénateurs sur les moyens d’améliorer l’image de la Turquie dans l’opinion publique des pays européens, l’Ambassadeur est convenu que l’image de son pays ne correspond pas à la réalité de sa situation politique et économique. Il a notamment combattu l’idée diffusée par les médias d’une dérive autoritaire, faisant valoir que le régime constitutionnel turc ressemble en beaucoup de points au régime parlementaire présidentiel de la Constitution française de la Ve République.

En réponse à Mme Catherine Tasca qui l’interrogeait sur l’état d’avancement des négociations avec Chypre, S.E.M. Hakki Akil, Ambassadeur de Turquie, a confirmé la volonté de son pays de conclure au plus vite un accord avec la République chypriote, regrettant que cela n’ait pu se faire au mois de mars du fait de la tenue des élections législatives fin mai à Chypre. Il a dit espérer une signature fin 2016 ou au printemps 2017.

Concernant la situation intérieure, l’Ambassadeur a fait valoir les bons fondamentaux économiques de la Turquie, avec une dette limitée à 32 % du PIB et un déficit public de l’ordre de 1,5 %. Sur le plan politique, la Turquie demeure stable alors qu’elle est entourée de pays en conflit ou abritant le terrorisme, tels que l’Irak ou la Syrie. Le Président Jacques Mézard a souligné à cet égard le rôle de glacis protecteur joué par la Turquie contre le terrorisme. L’Ambassadeur a présenté son pays comme un Etat respectueux des libertés publiques et de la liberté de la presse, se défendant de recourir dans ces domaines à des mesures sécuritaires, bien que le pays ait à faire face depuis les années 80 à de nombreuses attaques terroristes qui ont causé la mort de 40.000 civils.

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