A l’initiative de M. Jean-Pierre Vial, Président du groupe d’amitié France-Syrie, en association avec Mme Catherine Morin-Desailly, Présidente du groupe d’amitié France-Egypte, M. Bernard Cazeau, Président du groupe France‑Irak, M. Philippe Dallier, Président du groupe France‑Israël, Mme Christiane Kammermann, Présidente du groupe France‑Jordanie, Mme Bariza Khiari, Présidente du groupe France‑Liban, M. Gilbert Roger, Président du groupe France–Palestine, et M. Jacques Mézard, Président du groupe France‑Turquie, une trentaine de membres des  huit groupes sénatoriaux d’amitié couvrant le Proche Orient ont participé, le mercredi 3 juin 2015, à une réunion de réflexion autour de M. Jean-Pierre Chevènement, ancien sénateur, ancien ministre de la Défense, ancien ministre de l’Intérieur, sur la situation dans la région et les voies qui pourraient conduire à la paix.

Accueillant M. Jean-Pierre Chevènement, M. Jean-Pierre Vial, Président du groupe d’amitié France-Syrie, a rappelé que les huit groupes d’amitié de cette région du Moyen Orient s’étaient déjà réunis au cours des deux années précédentes pour évoquer ensemble des problématiques communes que la crise rendait, hélas, sans cesse plus nombreuses. Il rappelé les interrogations que suscitait l’intervention de la coalition internationale : elle résultait certes en apparence d’une volonté politique claire, mais les motivations des pays qui y participaient laissaient deviner une situation autrement complexe. Il a remercié M. Chevènement d’avoir accepté de venir présenter son analyse d’une situation régionale qui ne cesse de se dégrader, et des voies qui pourraient favoriser le retour à la paix.

M. Jean-Pierre Chevènement a indiqué qu’il portait au monde arabe un intérêt ancien qui remontait à la période où il avait servi en Algérie, au début des années soixante, et que cet intérêt ne s’était jamais démenti ; il avait eu l’occasion d’exprimer publiquement son point de vue sur le Moyen Orient à plusieurs reprises, et notamment à la tribune du Sénat,  le 4 septembre 2013, à l’occasion du débat sur la situation en Syrie. Au demeurant, il n’avait pas l’habitude de cacher ce qu’il pensait et ses interrogations étaient donc sans mystère.

Abordant l’analyse  d’une  situation régionale dont il a reconnu la complexité, il s’est efforcé de résumer son analyse autour d’une dizaine d’idées.

Jugeant indispensable de considérer la situation dans sa profondeur historique, M. Jean-Pierre Chevènement a commencé par évoquer la situation née du déclin de l’empire ottoman, qui a débuté à la fin du XVIIème siècle. Le sentiment du déclin de l’empire ottoman, considéré, suivant la formule consacrée, comme « l’homme malade de l’Europe », avait lourdement pesé sur l’évolution du monde arabo-musulman auquel il s’assimilait globalement : le Sultan en était le calife reconnu par tous les musulmans. La confrontation avec l’Occident avait entrainé deux réponses différentes : une réponse modernisatrice et une réponse identitaire. Ce n’est pas un hasard si la création par Hassan el-Bassa des Frères musulmans était intervenue peu après la chute de l’empire ottoman. Elle reposait sur l’idée que pour résister à l’Occident, il fallait s’appuyer fermement sur une identité religieuse, l’Islam. Quant au courant modernisateur, après une première efflorescence théorique à la fin du XIXème siècle, il avait trouvé des traductions politiques en Turquie avec Atatürk, en Iran avec la dynastie des Pahlavi, et dans le monde arabe avec Bourguiba, Nasser, et le parti Baas, fondé par Michel Aflak, un mouvement nationaliste, laïc, et socialiste. Le courant modernisateur a triomphé avec les luttes de libération nationales, avant de se retrouver pris en otage par le conflit israélo-palestinien et surtout par la guerre froide.

M. Jean-Pierre Chevènement a ensuite insisté sur la relation étroite qui unit  les Etats-Unis à l’Arabie Saoudite. Celle-ci remonte aux accords passés en 1945 entre le président Roosevelt et le roi Ibn Séoud. Elle joue un rôle d’autant plus important qu’avec le choc pétrolier, le centre de gravité du monde arabe s’est déplacé vers les Etats du Golfe, non sans conséquences : les ressources que ceux-ci tirent du pétrole leur permettent d’attirer une abondante main d’œuvre, notamment égyptienne, et de contribuer au rayonnement du wahhabisme dans tout le monde arabe à travers de nombreuses fondations.

L’échec du nationalisme arabe constitue, pour M. Chevènement, le troisième paramètre. Il a estimé que les guerres israélo-arabes avaient conduit, par un phénomène de  polarisation, les Etats dirigés par des mouvements nationalistes à se rapprocher de l’Union soviétique qui leur a fourni son appui, qu’il s’agisse de la construction du barrage d’Assouan ou des fournitures d’armement. L’échec de la République arabe Unie et surtout la défaite dans la guerre des Six-Jours (1967) avaient conduit à l’effacement de Nasser. Le leadership du nationalisme arabe a alors glissé vers deux régimes relevant du Baas, l’Irak (Baas civil) et la Syrie (Baas militaire). D’autres formes de gouvernements nationalistes existaient dans le Maghreb avec le FLN en Algérie, Bourguiba en Tunisie, ou encore Khadafi, dont M. Chevènement a rappelé qu’il était arrivé lui aussi au pouvoir en Lybie dans les années soixante.

Il a ensuite décrit comment les Etats-Unis s’étaient appuyés sur certains pays et  certains dirigeants pour jouer le rôle de « gendarmes locaux » : d’abord avec le pacte de Bagdad de 1955 à 1958, puis l’Iran jusqu’à la chute du Chah en 1979, puis enfin l’Irak de Saddam Hussein pour contenir l’Iran. Mais ces Etats gendarmes étant souvent incommodes. Les limites de ce système ont pesé pour conduire les Etats-Unis à procéder à des interventions militaires directes dans cette région stratégique à partir de la première guerre du Golfe et jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Barack Obama.

M. Jean-Pierre Chevènement a ensuite insisté sur le tournant stratégique qu’a constitué l’année 1979,  marquée par deux évènements : la révolution iranienne qui a vu l’arrivée au pouvoir, avec l’ayatollah Khomeiny, d’une théocratie ; l’intervention soviétique en Afghanistan en second lieu, qui, commencée comme une simple opération de police, a enclenché le mécanisme du soutien apporté aux mouvements fondamentalistes par les services secrets pakistanais et derrière eux américains.

Il a ensuite décrit le basculement opéré par les deux guerres du Golfe. Il a estimé que la première guerre du Golfe aurait pu être évitée, mais que son déclenchement correspondait à un moment où l’URSS, profondément affaiblie, n’avait pu jouer son rôle de contrepoids. La guerre avait certes  abouti à une forme de compromis, le Président Bush ayant renoncé à aller jusqu’à Bagdad, où il se serait retrouvé confronté aux difficultés qu’a connues son fils quelques années plus tard. Elle avait cependant été suivie d’un blocus cruel, qui avait pris la population irakienne en otage, et fait de très nombreuses victimes. L’intervention américaine avait alimenté le fondamentalisme sunnite avec Al Quaïda et suscité une série d’attentats anti-américains qui ont culminé avec l’attentat du 9 septembre contre les « twin towers ».

Analysant la réponse des Etats-Unis à cette attaque, M. Jean-Pierre Chevènement a noté le paradoxe d’une stratégie qui,  tout en déclenchant des bombardements sur l’Afghanistan, y avait laissé le terrain libre aux Seigneurs de la guerre, pour se concentrer sur l’invasion de l’Irak : elle en a détruit l’Etat et dissous l’armée, créant les conditions d’une domination de l’Iran dans la région et du développement d’al-Quaida dans les régions occidentales de l’Irak occupées par les sunnites. Il a décrit les conséquences au plan régional de cette nouvelle situation où, les sunnites ayant été écartés du pouvoir en Irak, ce pays perdait son rôle de verrou pour le monde sunnite face à l’axe constitué par l’Iran chiite, le gouvernement de Bagdad à prépondérance chiite, la Syrie, alliée traditionnelle de l’Iran et enfin le Hezbollah libanais.

Il a ensuite évoqué les conséquences du retrait américain d’Afghanistan et d’Irak après 2008. Compte tenu de la politique du gouvernement chiite de Bagdad, les populations sunnites s’étaient tournées vers al-Quaida puis Daesh. Le retrait américain s’est paré, a-t-il ajouté, d’un voile idéologique, le discours du Caire, dont on a pu voir le résultat quand les révolutions arabes ont tourné, comme on le voit maintenant, à l’avantage des islamistes.

Il a déploré que l’intervention en Lybie ne se soit pas contentée d’arrêter l’avancée des chars vers Bengazhi, mais qu’elle  soit allée jusqu’à renverser le régime de Khadafi, prenant en quelque sorte le contrepied de la politique que nous avions défendue quelques années plus tôt à propos de l’Irak, et débouchant sur une absence d’Etat dont nous n’avons pas fini de payer le prix.

Evoquant la situation en Syrie, il a rappelé que l’opposition au régime était traditionnellement structurée par les Frères musulmans, qui  avaient déjà fomenté en 1979 l’attentat d’Alep et que la révolte de Hama avait été réprimée dans le sang par Hafez el-Assad en 1982 ; il a indiqué qu’il avait adressé au Président de la République, dès juin 2012, une note pour lui faire part des interrogations que lui inspirait la politique actuelle qui mise sur une opposition dite laïque ou modérée ; il a estimé que Bachar el-Assad, qui dispose, outre le soutien des alaouites, du soutien des Chrétiens, des Druzes et d’une partie de la bourgeoisie sunnite, n’était peut-être pas si isolé qu’on se plaisait à le dire. Cette politique, définie lorsque Alain Juppé était ministre des affaires étrangères a été reprise par son successeur ; elle a conduit à fermer l’ambassade de France à Damas en mars 2012, et à envisager un moment des frappes contre l’arsenal chimique syrien. Constatant que le territoire syrien était aujourd’hui contrôlé pour l’essentiel par deux groupes islamistes, al-Nosra et Daesh, et pour le « quart utile »,  par le régime syrien, il a estimé que, d’après les informations dont on pouvait disposer, l’Armée syrienne libre ne faisait pas le poids sur le terrain et était obligée de passer des accords avec les groupes islamistes pour affronter les forces loyalistes.

Abordant dans la deuxième partie de son exposé les conditions d’un retour à la paix, M.  Chevènement a estimé que celle-ci passait par la recherche d’un équilibre entre l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie, inquiète du développement du mouvement national kurde.

Il a estimé qu’il fallait y réfléchir à deux fois avant de remettre en question les frontières des Etats : celles-ci ne résultaient pas seulement des accords Sykes-Picot passés entre la Grande-Bretagne et la France en 1916, on devait se souvenir que Damas et Bagdad avaient été les capitales des califats omeyyades et abbassides. Il a également rappelé les principes sur lesquels était fondée la Charte des Nations Unies : la souveraineté des Etats et le respect de leur intégrité territoriale.

Il a considéré que l’Irak devait aller vers une formule fédérale car il était indispensable d’associer les populations sunnites au combat contre Daesh, même si cette évolution serait rendue difficile par le gouvernement iranien désireux de consolider l’axe chiite et de maintenir un gouvernement à prépondérance chiite à Bagdad.

S’agissant de la Syrie, il a exprimé les plus vives réserves à l’égard de ce que l’on pouvait attendre de al-Nosra ; il a par ailleurs invité à se garder de ce que Hubert Védrine dénonçait sous le vocable « d’irreal politik » ; il a noté que Bachar el-Assad n’avait pas pour programme de semer la terreur en France ou dans un autre pays que la Syrie à la différence de Daesh et de Al Quaïda. Il a souhaité que les grandes puissances rapprochent leurs points de vue que la France surmonte la tentation à courte vue du «  cavalier seul ».

Evoquant la Lybie, il a souhaité que la France ne fasse rien sans une concertation étroite avec l’Algérie, qui est notre allié naturel.

D’une façon générale, il a jugé nécessaire de désidéologiser la politique extérieure qui doit faire preuve de pragmatisme. Il a insisté notamment sur la recherche d’un équilibre entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Enfin, s’agissant du conflit israëlo-palestinien, toujours à l’arrière-plan, il a estimé qu’il n’y avait pas d’autre solution possible que celle des deux Etats.

Un débat a suivi l’intervention de M. Jean-Pierre Chevènement.

En réponse à Mme Bariza Khiari, Présidente du groupe d’amitié France-Liban, qui s’inquiétait de l’impact sur le Liban de la guerre syrienne et de l’avancée de Daech, M. Jean-Pierre Chevènement a estimé que le fait que le Liban, qui accueille sur son sol un million de réfugiés, ait jusqu’à présent tenu, était tout à l’honneur des libanais ; mais il a  estimé que ce pays, exemplaire en matière de coexistence entre différents confessions, finirait par être emporté si l’on ne résolvait pas la crise syrienne.

Répondant à M. Bernard Cazeau, Président du groupe d’amitié France-Irak, qui l’interrogeait sur Bachar el-Assad,  sur l’exigence de son départ comme préalable à toute négociation et sur les conséquences de cette position sur l’avancée de Daesh, M. Jean-Pierre Chevènement a estimé que Bachar el-Assad était certes un dictateur brutal. Pour autant, a-t-il rappelé, la politique étrangère repose traditionnellement sur un certain nombre de grands principes, parmi lesquels le respect de la souveraineté des Etats : celui-ci invite à éviter de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays. M. Jean-Pierre Chevènement a vu dans la multiplication des interventions occidentales depuis la fin de la guerre froide, d’abord en Irak puis en Lybie, la manifestation d’une forme d’ « ubris », cette forme de démesure qui pousse à outrepasser non seulement le Droit mais aussi ses capacités. Il en a clairement distingué l’intervention au Mali dont il a rappelé qu’elle s’est effectuée, tout au contraire, avec un mandat des Nations Unies et à la demande des autorités de l’Etat concerné. Dénonçant une vision manichéenne des choses et des hommes, il a appelé de ses vœux une politique fondée sur la réalité, estimant, suivant la formule de Jean Jaurès, que pour aller vers l’idéal il fallait commencer par comprendre le réel.

Il a ensuite indiqué à Mme Catherine Morin-Desailly, Présidente du groupe d’amitié France-Egypte, que le peuple égyptien avait clairement rejeté les Frères musulmans et que le gouvernement du maréchal al-Sissi bénéficiait d’un soutien populaire ; la condamnation à mort de Mohamed Morsi n’était cependant pas acceptable. Mais dans le contexte global, le soutien apporté au nouveau régime allait dans le bon sens.

En réponse à Mme Christiane Kammermann, Présidente du groupe d’amitié France-Jordanie, qui lui  demandait comment, selon son expression, on pourrait « calmer le jeu » en Syrie, M. Jean-Pierre Chevènement a formulé plusieurs recommandations : éviter les ingérences, par exemple cesser de livrer à l’opposition syrienne des armes qui se retrouvent ensuite aux mains des groupes terroristes; favoriser la médiation et la conciliation entre les groupes dits modérés et le régime ; et, plus globalement, « désidéologiser » la politique étrangère.

Comme Mme Christiane Kammermann se demandait si la France était assez présente dans ce conflit,  M. Jean-Pierre Chevènement a estimé qu’elle l’était au contraire peut-être trop. Citant l’exemple  de la Libye, il a considéré qu’il aurait fallu empêcher les massacres sans aller jusqu’à renverser le régime, ce qui n’était pas l’objet de la résolution 1973. Pour lui, ce serait jouer avec le feu que de miser en Syrie sur « Al Nosra » contre « Daech », car ces mouvements se ressemblent beaucoup.

M. Jacques Mézard, Président du groupe d’amitié France-Turquie a ensuite évoqué cet État de 80 millions d’habitants, qui se souvient de l’hégémonie jadis exercée sur la région, a la certitude d’être redevenu une grande puissance, et veut éviter aujourd’hui d’être entrainé dans la tourmente : à ce titre, le problème kurde et le PKK, ainsi que le problème posé par les 3 millions de réfugiés présents sur son territoire, sont pour lui une préoccupation permanente. Il a regretté qu’au rebours des principes défendus par le Général de Gaulle, attaché à la non-ingérence, l’Occident ait développé la « maladie » d’intervenir partout alors que le bilan pour les pays concernés était souvent négatif.

M. Jean-Pierre Chevènement a reconnu que la Turquie était un pays très important dans la région, qu’elle a tiré profit de son rapprochement avec l’Union européenne, même si aujourd’hui une adhésion n’apparaît guère possible. Il a rappelé qu’il existait certes aussi une population d’origine turque en Asie Centrale, mais que la Turquie ayant été fondée sur la notion de Nation et sur la citoyenneté, les kurdes de Turquie sont avant tout des citoyens turcs. Pour lui, la solution passe par la construction d’un Etat fédéral en Irak, qui permettrait aux tribus sunnites de reprendre les choses la main dans l’Ouest irakien, tout en garantissant une autonomie au Kurdistan irakien ; mais elle supposera de convaincre aussi l’Iran qu’une telle évolution est dans son intérêt.

Comme M. Jean-Claude Frécon relevait que la Turquie était membre du Conseil de l’Europe depuis 1949, qu’elle en partageait les valeurs, et qu’elle avait un pied sur notre continent, M. Jean-Pierre Chevènement a jugé que la Turquie était avant tout un grand pays du Moyen-Orient, et que cette région s’organisait entre trois grands pôles : le pôle turc, le pôle iranien et le pôle arabo égyptien, à quoi il fallait ajouter le Pakistan, et, en arrière-plan, l’Asie centrale. Il a estimé qu’une réflexion sur la région devait d’ailleurs intégrer toutes les dimensions et ses prolongements aussi bien en direction de l’Afrique de l’Ouest que de la Chine. Il a invité à ne pas perdre de vue le fait, par exemple, qu’aujourd’hui la grande majorité des musulmans vivaient en Asie, au Pakistan, en Inde, en Indonésie, au Bangladesh. Concernant l’Iran, il a estimé que  l’accord sur le  nucléaire devrait aboutir à condition de s’inscrire dans un accord global de sécurité.

Comme M. François Fortassin s’alarmait d’une possible reprise du conflit dans les Balkans, M. Jean-Pierre Chevènement  a indiqué qu’il avait regretté le démantèlement de la Yougoslavie, et estimé qu’il serait nécessaire à l’avenir de revenir à une forme de fédération yougoslave.

M. Jean-Pierre Chevènement est convenu avec M. Jean-Pierre Vial que la Grande-Bretagne avait adopté une position très en retrait. Il y a vu le contrecoup de sa participation à la deuxième guerre d’Irak, syndrome qui explique le refus des frappes aériennes par le parlement britannique. Il a estimé que la Grande Bretagne pourrait encore avoir des cartes à jouer dans le conflit yéménite, tout en remarquant que le précédent libyen ne l’y encourageait pas vraiment. Il a déploré que l’Europe, habituée à la protection offerte par le parapluie américain, ait renoncé trop souvent à sa capacité d’initiative. Il a jugé qu’au contraire de cette attitude, l’intervention au Mali était parfaitement justifiée, et il a appelé à la définition d’une politique qui s’appuie sur les peuples arabo-musulmans, à l’image de celle qu’avait conduite le Général de Gaulle après 1962.

Mme Bariza Khiari a considéré que l’Occident, ou plutôt le monde anglo-saxon, n’avait pas compris le monde arabo-musulman, et qu’il y avait tué dans l’œuf les tentations modernistes, permettant aux tendances identitaires de prendre le dessus, créant la confusion actuelle.

M. Jean-Pierre Chevènement a estimé  que l’échec de la politique du Président Obama dans la région était patent ; il fallait désormais reprendre les choses sur une base solide, les intégrer dans une perspective longue, et trouver le point d’équilibre entre les puissances régionales, de façon à tisser une nouvelle relation avec une aire de civilisation qui fut jadis très brillante et qui recèle d’immenses potentialités pour l’avenir.

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