M. Jean-Pierre Vial, Président, Mmes Catherine Génisson et Christiane Kammermann, Vice-présidentes  du groupe interparlementaire d’amitié France-Syrie se sont entretenus le mardi 17 novembre 2015 avec le Docteur Emile Katti, directeur de l’hôpital Al-Rajaa d’Alep.

Le docteur Emile Katti a précisé que s’il était de confession chrétienne,  l’équipe médicale qu’il dirigeait était constituée dans sa très grande majorité  de  médecins musulmans  et que tous travaillaient dans un esprit de solidarité et de partage, pour venir en aide à une population durement éprouvée par la guerre, soignant, souvent bénévolement, leurs patients indépendamment de toute considération de religion. Il a indiqué que, outre les pathologies ordinaires, l’hôpital devait aussi soigner tous les jours de graves blessures de guerre. Il fonctionnait dans des conditions très difficiles,  confronté à la pénurie d’approvisionnement en eau et en électricité, et d’une façon générale à celle des biens de première nécessité.

Le Dr Katti a dénoncé, à ce propos, les conséquences de l’embargo décrété par les pays occidentaux sur les fournitures de matériel médical et de médicaments qui prive l’hôpital de ressources indispensables ou en renchérit considérablement le coût. Il a souhaité que celui-ci soit levé pour les acteurs du secteur de la santé et pour les organisations humanitaires. Il a également décrit les conditions d’insécurité dans lesquelles travaillaient les équipes.

Il a ardemment souhaité un cessez-le feu et souhaité que la France use de son influence auprès des pays de la région pour que les deux millions et demi d’habitants d’Alep soient de nouveau approvisionnés en eau, en fioul et en produits de première nécessité.

Évoquant la perception qu’il avait de la société syrienne, il a estimé que, si l’on met à part une minorité de fanatiques, le peuple syrien est constitué dans sa grande majorité de gens de bonne volonté qui  aspirent à ce que soit mis fin au conflit qui déchire le pays.

Dans ce contexte, l’éradication du terrorisme qui  prospère sur le terreau du salafisme, de sa culture de mort et de son intolérance, doit constituer une priorité absolue et une urgente nécessité. C’est à cette condition que l’on pourra éviter que  les métastases de ce mal ne déstabilisent la région et n’affectent douloureusement les pays européens, comme le montrent les attentats qui ont frappé la France.

Il a souhaité la mise en place d’une grande coalition, une union mondiale anti-djihadiste, qui pourrait exercer des frappes décisives sur les forces de Daech, et s’attacherait en outre à assécher ses financements et les renforts dont il bénéficie. Il a élevé une mise en garde contre la position ambivalente de certains pays qui, au rebours de leur discours officiel, sont parfois susceptibles de complaisances dangereuses.

Évoquant l’avenir de la Syrie, il a estimé que la sortie de crise passait par la mise en place d’un gouvernement de transition, puis par l’organisation d’élections à l’issue d’une période de trois ans qui permettrait aux tensions de la guerre de commencer à s’apaiser.

M. Jean-Pierre Vial, Président, a remercié le Docteur Emile Katti pour ses propos qui ont contribué à l’information du groupe d’amitié. Il a indiqué que celui-ci s’attacherait à relayer auprès des autorités françaises les demandes qu’il avait formulées, en particulier quant à la levée de l’embargo sur les médicaments et le matériel médical.

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