A l’initiative de M. Yvon Collin, Président du groupe interparlementaire d’amitié France-Népal (groupe auquel est rattaché le Bhoutan depuis 2012), une rencontre a été organisée au Palais du Luxembourg avec le Vénérable Lopen Lungtaen Gyatso, Doyen de l’Institute of Language and Culture Studies (ILCS) de l’Université royale du Bhoutan, et Mme Françoise Pommaret, Directeur de Recherche au CNRS,  éminente spécialiste du monde himalayen et de ce pays en particulier.

Outre Mme Françoise Perol-Dumont et M. Jean-Claude Requier, membres du groupe d’amitié, ont participé à ces échanges : Mme Véronique Briquet-Laugier, responsable de programme à l’Agence nationale de la recherche, ex-conseiller scientifique à l'Ambassade de France en Inde, Mme Sonia Barbry, sous-Directrice pour l’Asie méridionale au Ministère des affaires étrangères, et Mme Olivia Bellemere, rédactrice en charge du Bhoutan.

En réponse  aux questions des sénateurs, le Vénérable Lopen  Lungtaen Gyatso  a présenté le concept de Bonheur national brut (BNB) qui a été  énoncé par le jeune roi du Bhoutan dès 1978.  Il s’agit d’un projet de  développement équilibré, incluant les besoins matériels et les valeurs spirituelles, qui repose sur quatre piliers : la bonne gouvernance, le développement durable, la préservation de l’environnement et la défense de la culture, d’où l’importance de l’éducation. Cet objectif vers lequel tend le Bhoutan qui « ne prétend pas être le pays du bonheur »,  guide le gouvernement pour ses décisions dans tous les domaines. Dans ce contexte, la population est régulièrement consultée et les réseaux sociaux ont pris une place très importante (en particulier facebook et twitter). Ainsi par exemple, la population s'est récemment prononcée contre la poursuite de certaines exploitations minières qui, bien que pourvoyeuses d’emplois, étaient nuisibles au BNB car elles dégradaient durablement l’environnement.

Il a également souligné qu’à la fin des années 80, le pays s’est beaucoup ouvert sur l’extérieur avec d’une part, les médias (le Bhoutan compte aujourd’hui  50 chaînes de télévision qui diffusent sans censure) et d’autre part, l’augmentation du nombre d’étudiants bhoutanais dans les villes indiennes, ce qui leur permet d’ailleurs d’apprécier à leur retour la « voie moyenne » prônée par le bouddhisme, qui n’est aucun cas une fermeture à l’altérité.

Pour sa part, Mme Françoise Pommaret a rappelé que le Royaume du Bhoutan s'est doté d’institutions démocratiques depuis 2008 et que son Parlement comporte deux chambres : une chambre basse, l'Assemblée nationale, constituée de 45 membres élus au suffrage universel et une chambre haute, le Conseil national, constituée de 25 membres « apolitiques » dont 20 représentent des « districts » et les 5 sont  nommés par le roi. Le Conseil national joue un rôle majeur dans l’équilibre des institutions bhoutanaises  en faisant contrepoids à l’Assemblée nationale.

Les participants ont également abordés la question de l’autonomie alimentaire qui constitue un véritable défi (le pays disposant seulement de 7  % de terres arables et ayant la volonté de réduire au maximum l’utilisation d’engrais et de pesticides) et celle des ressources énergétiques  (la totalité des rivières sur lesquelles ont été construits des barrages hydro-électriques prenant leur source à l’intérieur des frontières, le pays ne craint pas de « guerre de l’eau »).

En conclusion, le président et les membres du groupe d’amitié ont évoqué le projet d’un déplacement  au Bhoutan pour approfondir ces échanges, notamment avec les membres du Conseil national, sur le modèle de développement économique et humain, responsable et durable, de ce pays. A cet égard, Mme Sonia Barbry a rappelé les strictes conditions fixées par le gouvernement du Bouthan pour séjourner dans ce pays afin de préserver ses traditions millénaires.

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