Le groupe interparlementaire d’amitié, présidé par M. Dominique de Legge, a reçu, le mercredi 24 janvier, Son Excellence M. Rami Adwan, Ambassadeur du Liban en France, afin d’effectuer un tour d’horizon de l’actualité libanaise. Mme Christine Lavarde et MM. Olivier Cadic, Martin Lévrier, Cyril Pellevat, Louis-Jean de Nicolay et Jean-Pierre Vial ont participé à cette rencontre.

M. Adwan a rappelé les quatre défis auxquels était confronté le Liban, en majeure partie liés à la situation en Syrie, qu’il s’agisse de la question des réfugiés, des difficultés économiques, du terrorisme ou des relations difficiles avec Israël.

En ce qui concerne les réfugiés, l’Ambassadeur a rappelé quelques données démographiques : le Liban accueille 1,5 million de déplacés syriens dont un tiers auraient moins de quinze ans. Un tel afflux, dans un pays composé de 4,5 millions d’habitants, n’est pas sans incidence sur l’économie, l’emploi et les infrastructures. Près de la moitié des enfants syriens sont scolarisés au sein des établissements publics libanais qui ne disposent pourtant pas des capacités d’accueil adaptées. Les autorités libanaises appellent donc à un appui international en vue de faciliter le retour des déplacés en Syrie, dans des zones stables où ils pourront contribuer à la reconstruction du pays. Elles ne souhaitent pas, à terme, une installation durable sur le territoire libanais à l’image de ce que le pays a déjà connu en 1949 avec l’arrivée des réfugiés palestiniens. 489 000 Palestiniens sont aujourd’hui présents au Liban. Elles souhaitent notamment que le Haut-commissariat aux réfugiés révise ses critères de relocalisation et favorise un dialogue à ce sujet avec les parties prenantes en Syrie.  25 000 réfugiés syriens ont rejoint leur pays depuis la fin de l’été 2017. L’Ambassadeur a, par ailleurs, rappelé la différence de dynamique démographique entre la population libanaise et celle, plus favorable, des déplacés syriens qui contribue à renforcer la charge pesant sur les infrastructures locales.

Les difficultés économiques se sont accentuées à la fois du fait du nombre important de réfugiés et de la situation en Syrie. Celle-ci constituait en effet à la fois une zone d’exportation des produits libanais mais aussi une zone de transit. La fermeture de la frontière a conduit à la disparition de débouchés pour l’économie libanaise. Les tensions avec Israël limitent également l’ouverture de l’économie au sud. L’Ambassadeur a relevé que les explorations de gisements de gaz dans les eaux territoriales libanaises étaient gênées par la présence militaire israélienne, au risque de paralyser deux projets de forage dans lesquels est notamment impliqué le groupe Total et qui offriraient au Liban une réelle opportunité de développement économique.

Le sujet des relations avec Israël a été l’occasion pour l’Ambassadeur de souligner l’appui de Beyrouth à l’Autorité palestinienne, en particulier sur la question de Jérusalem. Il a aussi clairement exprimé l’opposition du gouvernement libanais au transfert de l’ambassade américaine dans la ville sainte. Il a également rappelé la volonté des autorités libanaises de voir reconnu un droit au retour pour les réfugiés palestiniens.

La question du terrorisme a enfin été abordée pour souligner les réussites des forces libanaises dans ce domaine et la nécessité de développer une coopération internationale en la matière, ciblant à la fois les filières de vente d’armes et la diffusion du message idéologique.

L’Ambassadeur a conclu son intervention en rappelant les échéances électorales prévues en mai 2018. Il a souligné l’union nationale à la tête du gouvernement, faisant valoir qu’elle a été renforcée, en novembre 2017, par la démission temporaire puis le retour au pouvoir de l’actuel Premier ministre Saad Hariri. L’Ambassadeur a rappelé la coexistence entre les communautés qui composent le pays à la tête de l’État, soulignant la nécessité de maintenir les équilibres démographiques dans le pays ; considérant que le Liban n’est en réalité pas l’otage des grandes puissances régionales, Arabie Saoudite et Iran.

Contact(s)