Mercredi 27 janvier 2016, le Groupe interparlementaire d’amitié France-Iran et les membres de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées se sont entretenus avec M. Majid Takht-Ravanchi, Vice-ministre des Affaires étrangères d’Iran, en charge de l’Europe et de l’Amérique.

En préambule, M. Joël Guerriau, Président du groupe d’amitié France-Iran, s’est réjoui des récents changements géopolitiques et de l’apaisement entre la France et l’Iran, deux grandes nations proches. Les  récentes visites en Iran de M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international et de M. Gérard Larcher, Président du Sénat, ont permis des échanges fructueux et de bon augure pour l’avenir des relations politiques, économiques et culturelles entre les deux pays. Cette visite en France figure parmi les premiers déplacements du Président M. Hassan Rohani en Europe.

Après avoir rappelé que ce voyage, initialement prévu en novembre, avait été reporté suite aux attentats de Paris, le Vice-ministre a condamné ces actes terroristes et exprimé sa solidarité avec le peuple français. Il s’est ensuite félicité de l’apaisement des relations entre l’Iran et la communauté internationale. Les sanctions ayant contraint les acteurs économiques à s’éloigner du pays, les entreprises françaises ont désormais l’opportunité de commencer leurs démarches pour s’implanter en Iran. Soulignant l’ancienneté des relations entre la France et l’Iran, le Vice-ministre a expliqué que le contexte était aujourd’hui propice au développement des relations bilatérales dans tous les domaines. Au cours de ces dernières années, les entreprises françaises ont su conserver leur présence sur le marché iranien, une chance pour le pays, qui a désormais besoin de la présence d’investisseurs étrangers s’il veut atteindre l’objectif de 8% de croissance en 2016. Les prévisions font pour l’heure état d’une croissance de 5% à partir de mars 2016. Les entreprises françaises et iraniennes participeront à un échange « gagnant-gagnant », explique le Vice-ministre. En effet, après des années de sanctions, la demande de la population est forte. De plus, explique le Vice-ministre, l’Iran est maintenant un pays stable et sûr, contrairement au reste du Moyen Orient. La main d’œuvre y est bien formée. Forte de ses 4,5 millions d’étudiants, les universités iraniennes sont très réputées, notamment en ingénierie. Les ressources en matières premières, comme le pétrole ou le gaz, font de l’Iran un pays particulièrement attractif pour les investisseurs.

Le Vice-ministre a ensuite évoqué la réunion ayant eu lieu entre MM. Hassan Rohani, Emmanuel Macron, Laurent Fabius, et différents chefs d’entreprises, ainsi que les relations culturelles, politiques et parlementaires entre la France et l’Iran. Ces coopérations conduiront à une meilleure connaissance réciproque des populations iraniennes et françaises.

M. Takht-Ravanchi, Vice-ministre, au centre, avec à sa gauche M. Joël Guerriau, Président du Groupe d'amitié

S’agissant des questions régionales, le Vice-ministre a évoqué la situation en Libye et au Yémen, en proie « au chaos et au terrorisme ». Les actions de Daesh en Irak et en Syrie se répercutent en Iran. M. Majid Takht-Ravanchi a précisé que la France et l’Iran devaient accentuer leurs échanges dans leur lutte commune contre le terrorisme, et que son pays était prêt à discuter avec le Gouvernement français sur toutes ces questions.

M. Joël Guerriau, Président, s’est ensuite enquis des conséquences de la chute du prix du pétrole. M. Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort, a quant à lui évoqué la situation de l’usine Peugeot et s’est interrogé sur la suite qui serait donnée au partenariat.

Le Vice-ministre a rappelé que les relations entre PSA et les entreprises iraniennes étaient bonnes depuis des années. L’Iran, représentant un marché de plus de 80 millions d’habitants, M. Majid Takht-Ravanchi a rappelé que la relation économique entre l’Iran et la France ne devait pas uniquement se limiter au marché iranien, l’Iran disposant d’importantes capacités d’exportation. S’agissant de la baisse du prix du baril, M. Majid Takht-Ravanchi a déclaré que l’Iran tentait de réduire sa dépendance énergétique. La part du pétrole dans le budget, de 80 % il y a dix ans, s’est réduite à un tiers en 2015.  Elle devrait atteindre 25% en 2016.

M. Alain Gournac s’est interrogé sur la diplomatie parlementaire entre les deux pays, faisant part de la volonté de M. Gérard Larcher, Président du Sénat, de créer un groupe commun de parlementaires français et iraniens. Le Vice-ministre s’est prononcé en faveur d’une telle intensification des échanges parlementaires, notamment sous la forme d’une coopération renforcée et de la création d’un groupe interparlementaire Iran-France.

Répondant à une question de Mme Bariza Khiari, Présidente du groupe d’amitié France-Liban, sur la sortie du blocage institutionnel au Liban et sur la condition des minorités religieuses iraniennes, le Vice-ministre a indiqué que la France et le Liban devront se concerter à ce sujet, mais que toute ingérence dans les affaires intérieures libanaises devait être évitée. S’agissant des minorités religieuses en Iran, il a ajouté que chacune d’elles disposait d’une représentation d’au moins un député au Parlement.

M. Dominique Watrin, sénateur du Pas-de-Calais, s’est ensuite enquis de l’enseignement du français en Iran. Le Vice-ministre lui a répondu que son pays souhaitait permettre l’apprentissage de toutes les langues vivantes, et encourageait les démarches de l’enseignement du français par les ambassades ou les structures privées. Les lycéens iraniens sont par ailleurs très intéressés par l’apprentissage du français et de l’anglais.

M. Christophe-André Frassa, a fait part de son inquiétude concernant le système bancaire iranien, qui reste déconnecté du système international. Selon lui, cela constitue un blocage pour les investisseurs français. Le Vice-ministre s’est dit conscient du problème, qui a été évoqué lors les discussions avec MM. Macron et Fabius. La question a également été discutée au niveau européen et avec les États-Unis. La Banque Centrale iranienne a établi des contacts avec les grandes banques de ces zones en vue d’améliorer la situation.

Enfin, M. Joël Guerriau, Président, a évoqué la modification des conditions d’obtention de visas américains pour les ressortissants s’étant rendus en Iran dans les 5 dernières années. Cette attitude des États-Unis a interpelé les sénateurs qui, en réaction, envisagent d’organiser une rencontre avec les services de l’ambassade des Etats-Unis, et de rédiger une lettre ouverte sur le sujet. Le Vice-ministre, saluant cette démarche, a répondu que ce point avait été abordé avec les États-Unis, et que la réglementation sera assouplie, notamment pour les hommes d’affaire et les journalistes.

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