À l’occasion d’un déjeuner de travail au Sénat le 8 avril 2015, les membres du groupe d’amitié ont rencontré le nouvel ambassadeur d’Indonésie en France, S.E. M. Hotmangaradja Panjdaitan, qui a présenté ses lettres de créances au Président de la République le 29 janvier 2015. L’ambassadeur était accompagné de Mme Alissulasti Vincent, membre du service politique de l’ambassade, de MM. Arifi Saiman, ministre-conseiller aux affaires politiques, Henri Kaitjily, ministre-conseiller aux affaires sociales et culturelles, Fajar Wirawan Harijo, ministre-conseiller aux affaires économiques, et du colonel Age Wiraksono, attaché de défense. Cinq sénateurs ont participé à ce déjeuner : M. Jacques Gautier, président du groupe d’amitié, Mmes Catherine Procaccia, vice-présidente, Catherine Deroche, secrétaire, MM. Jean-Yves Leconte et Jean-Léonce Dupont.

M. Jacques Gautier a d’abord exposé à l’ambassadeur le rôle et les activités du groupe d’amitié, qui compte seize membres depuis le dernier renouvellement sénatorial. Puis il l’a invité à faire un point sur la situation politique en Indonésie, six mois après la prise de fonction du président Joko Widodo, et à présenter les actions prioritaires qu’il compte mettre en œuvre à la tête de l’ambassade. M. Jacques Gautier a rappelé la préoccupation du groupe d’amitié concernant le sort de M. Serge Atlaoui, ressortissant français condamné à mort dans une affaire de stupéfiants, dont l’exécution pourrait intervenir à brève échéance.

M. Jean-Yves Leconte a indiqué que la commission d’enquête sur l'organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe venait d’adopter son rapport, qui comporte une centaine de propositions. Il a demandé à l’ambassadeur comment il évaluait la menace djihadiste en Indonésie et si des mesures étaient mises en œuvre pour la combattre. Il a également souligné que les journalistes ne sont pas autorisés à travailler en Papouasie-occidentale et a souhaité savoir si le président Widodo envisageait de faire évoluer cette situation.

M. Hotmangaradja Panjdaitan a d’abord expliqué quels étaient les grands axes de la politique poursuivie par le président Joko Widodo, plus connu sous le nom de Jokowi.

Le président Jokowi souhaite que l’Etat joue tout son rôle pour apporter au peuple indonésien plus de sécurité et de protection. Dans le domaine de la gouvernance, ses priorités sont de consolider la démocratie, de lutter contre la corruption et de réformer l’administration. Il veut développer les régions périphériques et approfondir la décentralisation, dans le respect de l’unité du pays.

Soucieux d’améliorer la qualité de vie de la population, le président Jokowi a des projets en matière de contrôle des naissances, d’éducation et de santé publique. En matière économique, ses principaux objectifs sont de renforcer l’indépendance du pays, notamment dans le domaine agricole et agro-alimentaire, et de mieux exploiter le potentiel de l’Indonésie en tant que puissance maritime. Pour améliorer les transports, il est prévu de créer de véritables « autoroutes maritimes » et de construire vingt-quatre grands ports. Des projets seront également lancés dans le domaine aéroportuaire et dans les transports terrestres. La lutte contre la pêche illégale dans les eaux territoriales indonésiennes est également à l’ordre du jour.

Concernant les activités de l’ambassade, M. Hotmangaradja Panjdaitan a indiqué que sa priorité serait, conformément aux directives du gouvernement indonésien, de développer la diplomatie économique. L’Indonésie et la France ont conclu, en 2011, un partenariat stratégique qui constitue une solide base de travail. L’objectif est de porter à 5 milliards d’euros, chaque année, le volume des échanges commerciaux. Une année culturelle franco-indonésienne est par ailleurs prévue en 2017. Enfin, l’Indonésie prépare activement sa participation à la conférence sur le climat, qui va se tenir à Paris en décembre 2015.

Le colonel Age Wiraksono a apporté des précisions sur la coopération franco-indonésienne en matière de défense. En 2013, un séminaire a été organisé par l’IHEDN et par l’institut homologue indonésien et un dialogue régulier sur les questions de défense a été lancé. Des étudiants sont accueillis en France pour se former sur les questions militaires. Au mois de mars, le ministre indonésien de la défense est venu en France pour rencontrer le ministre Jean-Yves Le Drian. Ils ont notamment discuté de la coopération en matière de lutte anti-terroriste et de l’achat d’équipements militaires.

M. Hotmangaradja Panjdaitan a ajouté que Michel Sapin, ministre des finances, s’est rendu à Jakarta au mois de janvier pour travailler sur les questions de coopération financière internationale, de développement et de changement climatique. Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, devait se rendre en Indonésie en février mais sa participation à la réunion de Minsk, sur la crise ukrainienne, l’a contraint à reporter sa visite.

S’agissant de la menace terroriste, il a souligné que la France et l’Indonésie devaient combattre ensemble cet ennemi commun et il a rappelé que l’Indonésie avait arrêté environ 900 personnes suspectées d’activités terroristes depuis les attentats de Bali, en 2002. L’agence chargée de la lutte anti-terroriste a conçu des programmes de « déradicalisation » et surveille les Indonésiens tentés de se rendre en Syrie. Les présidents Hollande et Widodo ont discuté de la coopération anti-terroriste en marge du sommet du G 20, à Brisbane, en novembre dernier.

Mme Catherine Procaccia a salué les efforts du gouvernement indonésien dans la lutte contre le terrorisme et a fait observer que les extrémistes, même s’ils ne représentent qu’une infime minorité de la population, peuvent avoir une réelle capacité de nuisance dans un pays qui compte 200 millions de musulmans.

M. Hotmangaradja Panjdaitan est ensuite revenu sur la situation de M. Serge Atlaoui, à laquelle l’ambassade est très attentive. En décembre, le président Jokowi a refusé de lui accorder sa grâce car il considère que l’Indonésie est en guerre contre la drogue, qui fait une cinquantaine de victimes par jour. C’est ce qu’il a expliqué au président François Hollande lorsque celui-ci l’a appelé, le mois dernier, pour lui demander de surseoir à l’exécution. Si un débat est en cours en Indonésie sur une éventuelle réforme de la peine de mort, celle-ci demeure applicable dans les affaires de terrorisme et de stupéfiants. Actuellement, une procédure de révision du procès est en cours et l’exécution n’aura lieu avant que la Cour suprême ne se prononce, en dernier ressort, sur ce dossier.

M. Jacques Gautier souligne que les membres du groupe d’amitié respectent la justice indonésienne, qui agit dans le cadre des lois que l’Indonésie a adoptées souverainement. Ils sont cependant très inquiets de la perspective de l’exécution d’un de leurs compatriotes, qui heurterait les principes auxquels la France est attachée depuis que l’abolition de la peine de mort a été décidée, au terme d’un long débat.

En conclusion,  M. Hotmangaradja Panjdaitan a indiqué qu’il souhaitait tisser des liens avec les élus, les hommes d’affaires et les citoyens français, en s’appuyant aussi sur la diaspora indonésienne en France, et il a demandé au groupe d’amitié de lui apporter son soutien dans cette entreprise, ce que M. Jacques Gautier a naturellement accepté.

M. Jacques Gautier (à gauche) et l’ambassadeur
échangent des cadeaux protocolaires à l’issue du déjeuner.

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