Groupe France-Chypre – Rencontre avec S.E. M. Marios Lyssiotis, Ambassadeur de Chypre en France – 10 février 2015

M. Didier Marie, président du groupe interparlementaire d’amitié France-Chypre, a reçu pour un déjeuner de travail S.E. M. Marios Lyssiotis, Ambassadeur de Chypre en France. MM. François Commeinhes, Jean-Patrick Courtois, vice-président du groupe, Mmes Éliane Giraud, Christiane Kammermann, secrétaire du groupe, M. Rachel Mazuir,  Mmes Danielle Michel, Catherine Morin-Desailly, présidente de la commission de la Culture, secrétaire du groupe, et M. Simon Sutour, vice-président du groupe, sénateurs, ont participé à cette rencontre.

M. Didier Marie a présenté le groupe d’amitié, dont la reconstitution s’est achevée avec la tenue de l’assemblée générale et la désignation du bureau. M. Marios Lyssiotis s’est félicité de constater que de nouveaux membres avaient rejoint le groupe, preuve de l’intérêt porté à Chypre. Ayant lui-même été secrétaire exécutif du groupe d’amitié Chypre-France de la Chambre des Représentants, il est particulièrement attaché à la relation interparlementaire.

L’Ambassadeur a tenu à souligner combien les événements survenus en France en janvier, avaient causé un véritable choc parmi les populations, en les atteignant dans leurs valeurs. Il a ensuite présenté la situation à Chypre. Rappelant qu’avec l’appui américain, les dirigeants chypriote grec et chypriote turc avaient adopté un « communiqué commun » fixant un cadre pour les négociations, il a déploré la décision d’Ankara d’envoyer un navire sismique et deux frégates dans la zone économique exclusive de Chypre, en octobre 2014. Prenant acte de cette situation, le président Anastasiades a suspendu sa participation aux discussions. Comme Nicosie ne dispose ni de frégates, ni d’aviation militaire, ni de missiles, elle dépend de la solidarité de la communauté internationale. A cet égard, le soutien des partenaires européens et, tout particulièrement, de la France est toujours très apprécié à Chypre. Néanmoins, la volonté turque de mener des actions dans la ZEE chypriote ne semble pas entamée.

Sur le plan économique, la situation est meilleure que prévu, malgré des problèmes sociaux importants – alors que le pays connaît habituellement une situation de plein emploi, le taux de chômage est de 16 %. Le recul du PIB n’était que de 2,8 % en 2014 et les perspectives pour l’avenir sont positives, puisqu’on anticipe un retour à la croissance. Les réformes de la Troïka ont été largement mises en œuvre, à l’exception des dossiers les plus compliqués : privatisation des entreprises publiques (télécommunications, électricité, peut-être le port) et problème des dettes non couvertes.

S’agissant des ressources gazières en mer, les recherches se poursuivent. Le gisement confirmé à ce jour s’élève à 4 à 5 trillions de pieds-cubes. Cependant, Total a annoncé sa décision de ne pas procéder à des forages au terme des opérations de prospection déjà menées, le fond de la mer s’étant révélé plus accidenté qu’anticipé. Chypre négocie avec Total en vue d’une éventuelle prospection dans d’autres zones et avec des États voisins au sujet de l’utilisation des ressources.

Enfin, l’Ambassadeur a donné quelques précisions au sujet de la visite à Chypre de M. Alexis Tsipras, nouveau Premier ministre grec. Traditionnellement, le premier déplacement du chef du gouvernement grec s’effectue à Nicosie, et réciproquement. Cette année, le nouveau Premier ministre grec a innové en souhaitant pouvoir rencontrer la société civile et de nombreuses associations, y compris chypriotes turques, se sont mobilisées dans ce cadre.

Les membres du groupe d’amitié ont ensuite interrogé M. Marios Lyssiotis sur l’actualité chypriote et régionale. Il a ainsi rappelé que le budget chypriote dégageait un excédent primaire de 127 millions d’euros, au prix de mesures draconiennes qui avaient notamment affecté les traitements des fonctionnaires. Soulignant l’importance de développer, dans le cadre de l’Union, des solutions durables et solidaires, respectant les valeurs européennes, il a exprimé le souhait que des leçons puissent être tirées de l’expérience chypriote pour répondre de manière plus efficace et moins coûteuse socialement à des situations analogues.

La situation régionale est jugée préoccupante. Pour un « petit » pays, divisé et partiellement occupé de surcroît, la tension et l’instabilité dans son voisinage sont inquiétantes. Chypre s’applique donc à développer des coopérations, mettant notamment ses ressources énergétiques au service de celles-ci. Des accords ont ainsi été signés récemment avec l’Égypte, Israël, le Liban et la Jordanie. Nicosie est également soucieux de contribuer à la résolution des crises humanitaires, comme cela a été le cas lors de la guerre au Liban par exemple.

L’Ambassadeur a tenu à exprimer son inquiétude devant le comportement d’Ankara, qui continue notamment d’envoyer des Anatoliens dans la partie septentrionale de Chypre. Les Chypriotes turcs installés de longue date, qui ne représentent plus qu’une minorité de la communauté turque de l’île, n’adhéreraient, selon lui, pas à la politique du gouvernement turc actuel, mais seraient tenus par les liens de dépendance à son égard. M. Marios Lyssiotis appelle donc les partenaires européens à faire pression sur la Turquie afin qu’elle influe positivement sur le règlement de la question chypriote et permette l’exhumation, l’identification et la restitution des dépouilles des personnes disparues en 1964 et en 1974.

Enfin, M. Didier Marie a évoqué le possible accueil d’une délégation de la Chambre des Représentants au cours de l’année 2015. Il serait opportun d’envisager d’organiser cette visite concomitamment à un autre événement bilatéral, culturel ou économique.

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