Le groupe interparlementaire d’amitié France-Bulgarie a reçu, le 11 octobre 2016, une délégation du groupe d’amitié Bulgarie-France de l’Assemblée nationale bulgare conduite par M. Dragomir Stoynev, Président de ce groupe. Ont participé à cet entretien : M. Loïc Hervé, Président du groupe d’amitié France-Bulgarie, sénateur de la Haute Savoie, M. Olivier Cadic, M. Christophe-André Frassa, M. Jean-Yves Leconte, sénateurs représentants les français établis hors de France et M. Benoît Huré, sénateur des Ardennes. Outre son président, la délégation bulgare était composée de M. Kiril Dobrev, Mme Ralitsa Todorova, M. Hasan Ademov, M. Martin Dimitrov, M. Krasimir Bogdanov, M. Kancho Filipov et Mme Stefka Alexandrova.

L’entretien a porté sur trois grands thèmes qui sont au cœur du débat de l’élection présidentielle bulgare du 6 novembre 2016 : la crise migratoire, l’intégration à l’Union européenne et la lutte contre le terrorisme.

La Bulgarie constituant une frontière extérieure de l’Union européenne, M. Dragomir Stoynev a exprimé la crainte de ses compatriotes quant à une éventuelle vague de migrants fuyant les conflits et la misère, via la Turquie. Il a dénoncé le manque de réactivité de l’Union européenne dans le processus de décision qui conduit à d’importants retards pour la satisfaction des demandes bulgares d’assistance. Le gouvernement a besoin de davantage de moyens financiers et d’un renforcement de Frontex pour pouvoir assurer la protection des frontières extérieures de l’Union. Le thème de l’immigration sera certainement le sujet majeur de l’élection présidentielle qui doit se tenir le 6 novembre prochain. La Bulgarie, qui a rempli l’ensemble des critères techniques, qui a mis son système judiciaire en conformité, qui a même modifié sa Constitution, attend toujours la décision de Bruxelles. Ces retards permettent à de plus en plus de voix de s'opposer à l’adhésion et encouragent les partis nationalistes qui s’appuient sur la déception de la population alors même que la Bulgarie est le premier rempart des frontières européennes. Il a appelé à plus de flexibilité et de rapidité dans le processus de décision afin d’éviter un rejet de l’Europe.

M. Martin Dimitrov a exprimé la volonté de la Bulgarie d’approfondir son intégration à la communauté européenne, en intégrant l’espace Schengen ainsi que la zone euro. Il a toutefois insisté sur le traitement égalitaire de tous les États dans le processus d’adhésion. Selon lui, « la Bulgarie a rempli tous les critères » d’adhésion à l’espace Schengen sans que l'Europe ne réagisse. En réponse à M. Christophe-André Frassa qui l’interrogeait sur l’exemption de visa demandée par la Turquie, M. Dragomir Sotynev a expliqué que la Turquie doit se conformer, tout comme la Bulgarie l’a fait, aux critères de l’Union européenne pour l’obtenir.

M. Benoît Huré a salué la « leçon d’espoir » pour l’Europe que donne la Bulgarie. Il a regretté que l’Europe politique ait été oubliée face à l’Europe financière, et a fait remarquer que l’objectif de frontières communes devait s’appuyer sur une diplomatie commune. MM. Jean-Yves Leconte et Christophe-André Frassa, tout en soulignant que la Bulgarie avait satisfait à l’essentiel des critères d’adhésion, se sont interrogés sur l’intérêt du pays à intégrer un espace de libre circulation qui « a besoin d’être réformé, sinon totalement refondé. » M. Dragomir Stoynev a souhaité un renforcement de Frontex mais des incertitudes existent sur le sens que prendra la refondation de la gouvernance de l’espace Schengen. Il affirmé que la Bulgarie entend participer aux négociations sur l’avenir comme membre à part entière de l’espace Schengen, sinon elle attendra les résultats de la refondation. M. Kiril Dobrev a indiqué qu’il fallait distinguer les réfugiés qui fuient les conflits des migrants économiques. Il est selon lui très difficile d’expliquer à la population l’afflux de migrants afghans alors que beaucoup d’efforts ont été faits pour rendre ce pays à la démocratie et que des soldats bulgares y ont perdu la vie.

Répondant à une question de M. Christophe-André Frassa, M. Kiril Dobrev s’est exprimé sur la récente loi sur le voile adoptée en Bulgarie. Il a précisé que cette loi interdisait la couverture totale du visage uniquement, ceci pour des raisons de sécurité évidentes. Le port du voile ne pose aucun problème car il fait partie de la tradition bulgare pour les chrétiens comme pour les musulmans. M. Krasimir Bogdanov a expliqué que la communauté musulmane était très bien intégrée car le pays faisait partie de l’Empire ottoman pendant six siècles. Cependant, face à l’émergence de cellules extrémistes, la Bulgarie a renforcé sa lutte contre le terrorisme et la protection des populations musulmanes. La loi sur le voile, « acceptable et équilibrée », précise M. Hasan Ademov, intervient dans cette logique sécuritaire.

La délégation bulgare autour du Président du groupe d’amitié France-bulgarie M. Loïc Hervé

Les Sénateurs français et la délégation bulgare

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