Le 27 avril 2016, le groupe interparlementaire d’amitié France-Brésil s’est entretenu avec M. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, pour évoquer notamment l’inauguration du pont de l’Oyapock entre la Guyane française et le Brésil. Étaient présents, outre Mme Laurence Cohen, Présidente, M. Antoine Karam, Président délégué pour le Guyana, et M. Georges Patient, Président délégué pour le Suriname.

Mme Laurence Cohen, Présidente, a interrogé le ministre sur la perspective d’une inauguration prochaine du pont sur l’Oyapock, repoussée à maintes reprises depuis l’achèvement en 2011 de cet ouvrage gigantesque de 50 millions d’euros. Elle a rappelé que les multiples échanges du groupe d’amitié avec l’Ambassadeur du Brésil en France, et l’approche des Jeux olympiques cet été, appellent une coopération franco‑brésilienne renforcée afin de lever les blocages juridiques et sécuritaires à la libre circulation des personnes et des marchandises entre les deux pays. Elle s’est félicitée de l’avancée du processus de ratification en France des instruments de coopération transfrontalière qui devrait arriver à terme à la fin du mois de juin 2016.

M. Antoine Karam a rappelé que près de 75 % des habitants de la commune de Saint-Georges-de-l’Oyapock sont d’origine brésilienne. L’absence d’infrastructures et de postes de contrôle du côté brésilien ne permet même pas le début d’une circulation des personnes et le passage des migrants clandestins se poursuit.

M. Georges Patient a alerté le ministre sur les incidents intervenus récemment dans la commune guyanaise de Camopi, notamment entre garimpeiros et Amérindiens. Les forces de sécurité françaises ont été attaquées par les orpailleurs clandestins sur le fleuve et les réactions de la justice et de la police brésiliennes sont perçues comme déséquilibrées depuis le lancement d’un mandat d’arrêt à l’encontre d’un chef coutumier amérindien.

M. Bernard Cazeneuve s’est engagé à relancer la coopération avec nos partenaires brésiliens dans le domaine de la sécurité afin de garantir l’opérationnalité des postes de contrôle aux frontières des deux côtés du fleuve, condition sine qua non de l’ouverture du pont. Il a également évoqué la question des laissez-passer consulaires pour le renvoi à la frontière des clandestins, dont l’obtention auprès des autorités brésiliennes doit être facilitée et sécurisée, et la mise en place d’un groupe de travail pour la résolution des déséquilibres entre la France et le Brésil dans les contrats d’assurance des transports routiers.

Mme Laurence Cohen, MM. Antoine Karam et Georges Patient ont également insisté auprès du ministre sur la demande renouvelée de nos partenaires brésiliens d’une plus grande équité et d’une meilleure réciprocité dans les conditions d’octroi de visas entre citoyens brésiliens et français, afin de favoriser les échanges touristiques, économiques, scientifiques et universitaires. Un Brésilien est en effet exempté de visa pour aller à Paris et entrer dans l’espace Schengen pour une durée de trois mois ; il doit, en revanche, obtenir un visa pour se rendre en Guyane. Les Français sont eux exemptés de visa pour aller au Brésil pour une période maximale de trois mois.

Il convient de garder à l’esprit que les migrants clandestins n’ont pas et n’auront jamais besoin de visa pour entrer en Guyane ! Il importe donc désormais de rééquilibrer le traitement des Brésiliens qui empruntent les voies légales pour se rendre aussi bien en Guyane que dans les Antilles. L’absence de consulat à Belém comme dans l’État de l’Amapá ne facilite pas l’obtention de visa pour les Brésiliens.

M. Bernard Cazeneuve a rappelé qu’un assouplissement des conditions de dispense de visas pour les ressortissants brésiliens est intervenu à l’occasion de la publication de l’arrêté interministériel du 11 mars 2016, bien que ces conditions restent limitatives. Ses services se pencheront de nouveau sur l’opportunité d’aménagements plus substantiels afin de faciliter les séjours touristiques et réguliers des ressortissants brésiliens en Guyane et dans les Antilles.

En ce qui concerne la situation sécuritaire à Camopi, le ministre s’est engagé au maintien d’effectifs importants pour lutter contre la violence liée à l’orpaillage et demandera à ses services d’examiner l’opportunité et les conditions d’une convention d’entraide judiciaire entre la France et le Brésil.

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