M. Nikola DIMITROV, Ministre des Affaires étrangères de Macédoine, a été reçu au Sénat le mercredi 4 avril 2018 par Mme Marta de CIDRAC, Sénatrice des Yvelines, Présidente du groupe interparlementaire d’amitié France-Balkans occidentaux et M. Arnaud BAZIN, Sénateur du Val-d’Oise, Président délégué pour la Macédoine. Lors de cet entretien, les Sénateurs ont abordé notamment les sujets de la candidature d’adhésion de la Macédoine à l’Union européenne, les échanges commerciaux et économiques entre la France et la Macédoine mais aussi la situation politique des Balkans, et plus précisément les relations de la Macédoine avec la Grèce.

M. Nikola DIMITROV a réaffirmé l’opportunité que l’Union européenne représente pour la Macédoine. Officialisée depuis 2005, la candidature de la Macédoine a été retardée du fait de plusieurs obstacles. Ceux-ci comprennent la dénomination constitutionnelle « République de Macédoine » que refuse la Grèce, mais aussi le non-respect des critères de Copenhague définis en 1993dans les champs politique, économique et normatif (transposition de « l’acquis communautaire » en droit national).

M. Nikola DIMITROV a insisté sur la dynamique initiée par le nouveau gouvernement pour trouver une solution au différend qui l’oppose avec la Grèce. La Grèce conteste à la République de Macédoine cette dénomination, arguant qu’à la chute de la Yougoslavie, cette République s’en serait arrogé exclusivement le nom ainsi que l’héritage culturel et historique. Soucieux d’intégrer l’Union européenne, les responsables politiques macédoniens ont accepté la possibilité de changer de nom au mois de janvier 2018 et sont depuis en pourparlers avec le gouvernement grec sous l’égide des Nations Unies pour la détermination d’une nouvelle dénomination.

Considérant qu’il est nécessaire d’établir une véritable identité macédonienne, distincte de l’héritage culturel macédonien grec, le Ministre a exprimé le souhait de conclure avec la Grèce un accord équivalent au Traité de l’Élysée franco-allemand visant à rapprocher les peuples et dont la réussite rejaillirait sur l’ensemble de la région. Selon lui, il ne doit plus persister avec la Grèce d’esprit de compétition, mais s’établir un dialogue constructif pour l’avenir des deux pays tel que ce fut le cas avec la Bulgarie.

Pour ce qui concerne le respect des principes de l’Union européenne et le respect de l’acquis communautaire, M. Nikola DIMITROV a reconnu les efforts que devait encore fournir la République de Macédoine et a tenu à affirmer la volonté de son gouvernement de s’y tenir.

En conclusion, M. Nikola DIMITROV a souhaité l’ouverture prochaine du processus d’adhésion de la Macédoine à l’Union européenne, soulignant que celle-ci n’impliquait pas son aboutissement automatique, mais qu’elle offrait une impulsion et une ouverture à de nouvelles perspectives.

Après avoir remercié le Ministre pour son exposé, Mme Marta de CIDRAC a souhaité obtenir plus d’informations au sujet des relations bilatérales que la République de Macédoine entretient avec ses voisins albanais, bulgares, serbes et kosovars. M. Nikola DIMITROV a rappelé que ces pays avaient une histoire commune par le passé et que son gouvernement souhaitait la voir perdurer à l’avenir. Pour ce faire, il a annoncé vouloir organiser des conseils des ministres communs avec ces États. Il a toutefois reconnu l’équilibre parfois délicat qu’il était nécessaire de trouver au vu des tensions qui pouvaient exister entre la Serbie et le Kosovo.

Interrogé par Mme Marta de CIDRAC sur les partenaires économiques de la Macédoine et sa proximité avec la francophonie, M. Nikola DIMITROV, après avoir dit que les pays voisins, notamment la Grèce, étaient les premiers partenaires économiques, a fait part de l’importance des investissements allemands, autrichiens et britanniques en Macédoine. En conséquence, il s’est dit favorable à une intensification des investissements français dans laquelle la réactivation de la chambre de commerce franco-macédonienne pourrait jouer un rôle clé. Enfin, il a rappelé que la Macédoine est membre à part entière de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) depuis 2006.

M. Arnaud BAZIN a ensuite interrogé M. Nikola DIMITROV sur le calendrier et le rythme des réformes que son gouvernement souhaitait adopter en vue de son adhésion à l’Union européenne. Après avoir rappelé l’irruption de manifestants au sein du Parlement macédonien le 27 avril 2017, qu’il a qualifié de jour très sombre pour la Macédoine, M. Nikola DIMITROV a reconnu la nécessité pour son gouvernement d’engager de nombreuses réformes, conformément aux recommandations de l’Union européenne. Celles-ci concernent le système judiciaire, la lutte contre la corruption, le financement des médias et les outils de renseignement. Il reconnaît qu’il reste encore beaucoup à faire et affirme que son gouvernement est particulièrement attentif aux recommandations de l’Union européenne. Les autorités sont soutenues dans cette voie par une volonté de renouveau venue de l’opposition étudiante, qui a mené le pays et le gouvernement à s’engager davantage vers la démocratie.

En conclusion, M. Nikola DIMITROV a insisté sur le différend qui oppose son pays à la Grèce et qui ne saurait être résolu par une réponse uniquement technique. Enfin, il a invité les membres du groupe d’amitié France-Balkans occidentaux à se rendre en Macédoine.

De gauche à droite : Mme Marta de CIDRAC, Sénatrice des Yvelines, Présidente du groupe d’amitié France-Balkans occidentaux, M. Nikola DIMITROV, Ministre des Affaires étrangères de Macédoine, Mme Jadranka CHAUSHEVSKA DIMOV, ambassadrice de Macédoine en France et M. Arnaud BAZIN, Sénateur du Val d’Oise, Président délégué pour la Macédoine du groupe d’amitié France-Balkans occidentaux.

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