M. Rachel Mazuir, président du groupe interparlementaire d’amitié France-Albanie du Sénat, M. Bernard Fournier, président d’honneur, MM. René Danesi, Olivier Jacquin et Jean-Jacques Lozach, vice-présidents, ainsi que MM. Yves Daudigny et Jean-Yves Leconte ont reçu le 19 avril 2018 S. E. M. Dritan Tola, ambassadeur d’Albanie en France, accompagné de M. Fation Peni, ministre-conseiller à l'Ambassade.

Interrogé sur la recommandation de la Commission européenne d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Albanie et l’ancienne République yougoslave de Macédoine, l’ambassadeur a indiqué que cette proposition doit être validée lors du Conseil européen des 28 et 29 juin 2018. Officiellement candidate depuis 2014, l’Albanie a accompli, selon le rapport de la Commission, les progrès qui lui permettent de franchir une étape supplémentaire dans le processus d’intégration. S’il se réjouit de ce soutien de la Commission, le gouvernement albanais est toutefois conscient que le chemin est encore long avant l’adhésion. Dans un entretien paru dans Le Figaro le 17 avril, le Premier ministre albanais, M. Edi Rama, a rappelé – en citant M. Michel Rocard – que les négociations sont plus importantes que l’adhésion elle-même pour transformer et moderniser le pays. À cet égard, l’ambassadeur a estimé qu’il n’est pas urgent de fixer une date butoir.

L’opinion publique albanaise est très majoritairement pro-européenne. L’adhésion à l’Union est un objectif national, tant pour la population que pour l’ensemble des formations politiques. L’Europe est ainsi perçue comme le premier sujet politique et comme un levier pour réformer le pays. L’ambassadeur a fait observer qu’aucun mouvement nationaliste ou populiste ne s’est implanté avec succès en Albanie, l’ « Alliance rouge et noire » lancée en 2012 n’ayant obtenu aucun siège lors des élections législatives de 2013 et ne s’étant pas représentée en 2017. Dans toutes les formations représentées au Parlement, le sentiment pro-européen prévaut.

S’agissant de la Macédoine, qui compte une importante communauté albanophone, l’ambassadeur a rappelé que l’Albanie a joué un rôle important pour mettre fin, en 2017, à la crise politique qui menaçait la stabilité régionale.

Un Office régional de coopération pour la jeunesse des Balkans occidentaux, dont le siège est à Tirana, a été fondé en 2016. Créé à l’image et avec l’appui de l’Office franco-allemand pour la jeunesse, il organise des programmes d’échanges pour les jeunes de six pays de la région (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro, Macédoine et Kosovo). Il se veut un instrument de réconciliation entre les jeunesses de ces pays et « un investissement pour le futur ».

En matière judiciaire, les réformes commencent à porter leurs fruits à travers notamment la validation des juges et des procureurs, la corruption des magistrats étant un des points faibles de l’Albanie. Cette réforme fait l’objet d’un consensus au sein de la population. L’ambassadeur a rappelé que sa mise en œuvre est contrôlée par un organe international.

Concernant le rôle économique de la France dans la région, l’ambassadeur a noté que l’Albanie est entrée dans la zone de compétence de l’Agence française de développement (AFD). Par ailleurs, il a indiqué que l’un des plus importants projets français dans les Balkans est la pose par une filiale du groupe Vinci de sections de gazoduc en Albanie dans le cadre du projet de gazoduc trans-adriatique (TAP) reliant la mer Caspienne à l’Italie. L’Albanie soutient en outre le développement de la branche ionienne-adriatique du gazoduc (IAP) auquel la France pourrait participer. L’ambassadeur a tenu à mentionner la contribution aux échanges franco-albanais de M. Julien Roche, chef d’entreprises, président de la Chambre de commerce et d’industrie France-Albanie et l’un des pionniers du capitalisme en Albanie, dont M. Rachel Mazuir, sénateur de l’Ain, a rappelé qu’il est originaire de Bourg-en-Bresse.

En matière culturelle, le réseau des Alliances françaises en Albanie est très actif et compte un nombre croissant d’inscrits. En revanche, le niveau des échanges commerciaux franco-albanais reste en-deçà du potentiel.

Les relations bilatérales en matière de migrations ont récemment connu des avancées. L’Albanie a dernièrement obtenu la communication du nombre des demandeurs d’asile albanais en France. Estimant que ceux-ci sont en réalité, à 99 %, des migrants économiques, encouragés à émigrer à partir de 2015 par l’afflux de réfugiés en provenance de Syrie, l’ambassadeur a regretté que le taux d’admission en France des demandeurs d’asile albanais ait augmenté de 0,6 % à 16 % sans qu’aucune évolution de la situation dans le pays ne le justifie. À cet égard, les vendettas, invoquées par un grand nombre de demandeurs d’asile, constituent en réalité un phénomène complètement marginal en Albanie. Cette situation porte préjudice tant à la France qu’à l’Albanie. Le ministre de l’Intérieur, M. Gérard Collomb, a toutefois déclaré que les demandes d’asile ont diminué de 35 % à la suite de l’accord bilatéral signé à Tirana en décembre dernier.

Les participants ont enfin émis le souhait d’organiser prochainement un déjeuner en l’honneur de l’écrivain albanais Ismail Kadaré.

De g. à d :M. Bernard Fournier, S.E.M.. Dritan Tola, M. Olivier Jacquin, M. Jean-Jacques Lozach, M. Fation Peni

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