À l'invitation de M. Michel RAISON, Président du groupe d'information internationale sur le Tibet, M. Vincent METTEN, directeur des affaires européennes de l'ONG International Campaign for Tibet (ICT) a présenté devant ses membres, les conclusions d'une étude sur les tortures infligées aux Tibétains.

Étaient présents M. Michel RAISON, Mme Annick BILLON, MM. Bernard FOURNIER et Maurice ANTISTE du groupe d'information internationale sur le Tibet, MM. Tsering DHONDUP et Jigme DORJI, représentants le bureau du Tibet à Paris ainsi que des représentants du groupe d'étude sur la question du Tibet de l'Assemblée nationale.

Cette présentation faisant suite à la parution, en février et juillet 2015, de deux rapports de l'ICT intitulés respectivement « torture et impunité : l'histoire de 29 tibétains prisonniers politiques » et « une politique d'aliénation des Tibétains : la Chine renforce ses contrôles en refusant l'émission de passeports aux Tibétains ».

En réponse à la question liminaire de M. RAISON sur le climat politique, M. METTEN a souligné que celui-ci se dégrade depuis 2008 et témoigne d'une volonté croissante d'un contrôle politique et militaire au Tibet de la part des autorités chinoises.

A l'occasion de ce premier rapport traitant de la torture, il a dressé un constat très inquiétant et a alerté les sénateurs sur le fait que non seulement le nombre de prisonniers politiques augmente (650 en 2014) mais que beaucoup d'entre eux décèdent des suites des tortures perpétrées en détention (quatorze des vingt-neuf prisonniers selon le rapport de l'ICT). En effet, la pratique de la torture est plus systématique qu'auparavant et son issue en est le plus souvent fatale, comme en témoigne le cas du moine TENZIN DELEK RINPOCHÉ, mort en juillet dernier en détention.

En outre, les emprisonnements concernent des populations de plus en plus larges (artistes, écrivains, « blogueurs »...) qui revendiquent l'identité tibétaine et qui sont désormais régulièrement inquiétées (l'ONU examinera en novembre prochain un rapport sur cette question).

S'agissant de la difficulté des Tibétains à obtenir des passeports, les autorités chinoises tenteraient de limiter leurs mouvements à l'extérieur du pays, notamment afin d'éviter d'éventuels déplacements pour suivre les enseignements du Dalaï Lama. M. METTEN a précisé, en outre, qu'en dépit d'une forte adhésion populaire à la cause tibétaine, le soutien politique en Europe tend à diminuer en raison de l'influence croissante de la Chine ainsi que de la forte pression qu'elle exerce sur les pays cherchant à développer des relations commerciales privilégiées avec elle.

Ont également été évoqués les aspects environnementaux, notamment le réchauffement climatique conduisant à une fonte deux fois plus rapide des glaciers tibétains que ceux du reste du monde. À M. ANTISTE évoquant la gestion de l'eau, M. METTEN a précisé que la mise en place de barrages altérait les écosystèmes ainsi que les approvisionnements en eau en aval.

Enfin M. RAISON a évoqué les prochaines élections du gouvernement tibétain en exil. M. DHONDUP a précisé que quatre des cinq candidats prônent la voie médiane tandis que le cinquième, ancien prisonnier politique, revendique l'indépendance du Tibet. En l'absence de sondages, et dans l'attente de primaires prévues le 18 octobre 2015, les deux candidats les mieux placés sont l'actuel Premier ministre, M. Sangay LOBSANG, et le Président du Parlement tibétain en exil, M. Tsering PENPA. Cet apprentissage de la démocratie, nouveau pour les Tibétains, qui s'expriment par ailleurs très largement sur des forums de discussion, témoigne de la vitalité du processus en œuvre.

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