M. Jacques Gautier (Les Républicains–Hauts-de-Seine), président du groupe d’amitié, accompagné de ses collègues Mmes Catherine Procaccia (Les Républicains–Val-de-Marne), Catherine Deroche (Les Républicains–Maine-et-Loire) et Sylvie Goy-Chavent (UDI-UC–Ain), ont reçu M. Thomas T. Lembong, ministre indonésien du commerce, pour un entretien consacré à la question de l’huile de palme.

Après avoir souhaité la bienvenue au ministre, M. Jacques Gautier lui a présenté les activités du groupe d’amitié. Il a souligné que le groupe s’intéresse au thème de l’huile de palme depuis déjà plusieurs années : en 2012, le groupe d’amitié a organisé un colloque consacré à la déforestation, qui a fait une large place aux problèmes posés par les plantations de palmier à huile ; en 2013, une délégation a visité des plantations sur l’île de Sumatra ; en avril 2016, le groupe d’amitié prévoit d’effectuer un nouveau déplacement en Indonésie, qui lui donnera l’occasion de se pencher à nouveau sur cette question.

Au mois de janvier, le Sénat a adopté, dans le cadre de l’examen du projet de loi « Biodiversité », avec un avis de sagesse du Gouvernement, un amendement déposé par le groupe écologiste, tendant à augmenter la taxation de l’huile de palme. M. Gautier a rappelé qu’il était intervenu en séance publique, ainsi que sa collègue Mme Catherine Deroche, pour s’opposer à l’adoption de cet amendement. Ce projet de loi doit encore être examiné, en deuxième lecture, par l’Assemblée nationale et par le Sénat, et peut donc encore évoluer.

M. Thomas T. Lembong a d’abord déclaré qu’il avait confiance dans la qualité de la procédure législative en France et qu’il ne doutait pas qu’une solution « gagnant-gagnant » pourrait finalement être trouvée avec l’Indonésie. Les entretiens qu’il a eus avec le rapporteur du projet de loi au Sénat, M. Jérôme Bignon (Les Républicains–Somme), ainsi qu’avec plusieurs représentants du groupe écologiste, se sont d’ailleurs bien déroulés.

Le gouvernement indonésien ne conteste pas que la production d’huile de palme pose de réels problèmes pour l’environnement, comme l’illustrent les graves feux de forêt qui se sont produits en fin d’année 2015. Il est déterminé à lutter contre la déforestation et à protéger l’environnement ; à l’initiative du président Joko Widodo, des mesures énergiques ont notamment été prises pour combattre la pêche illégale.

Dans ce contexte, l’adoption de cet amendement par le Sénat français peut favoriser une prise de conscience en Indonésie et constituer un utile point d’appui pour mettre en œuvre de futures réformes. Cependant, appliquer, dès 2017, une taxe de 300 euros par tonne d’huile de palme paraît excessif.

M. Jacques Gautier a encouragé les autorités indonésiennes à poursuivre leurs efforts en matière de protection de l’environnement et à faire mieux connaître leur politique auprès du grand public.

Mme Catherine Procaccia a fait observer que, dans l’esprit des consommateurs, la production d’huile de palme reste associée à l’image de grandes exploitations. L’Indonésie devrait donc insister davantage sur le grand nombre de petits exploitants qui ont besoin de cultiver du palmier à huile pour vivre.

Mme Catherine Deroche a évoqué le rapport d’information relatif aux taxes comportementales qu’elle a rédigé, en 2014, avec son collègue M. Yves Daudigny (Soc. –Aisne). Ce rapport a mis en évidence les grandes disparités qui existent actuellement en ce qui concerne la taxation des différentes huiles. Si une harmonisation est envisageable, il n’apparaît pas opportun de taxer spécifiquement l’huile de palme, qui n’est pas un produit toxique.

M. Thomas T. Lembong a indiqué qu’une solution de compromis pourrait consister à introduire une taxe d’un montant plus modique, dont les recettes alimenteraient un fonds pour le financement de la lutte contre la déforestation. Bien que l’huile de palme soit une question sensible en Indonésie, le gouvernement indonésien est attentif aux réalités politiques françaises.

M. Jacques Gautier a salué le sens du dialogue dont fait preuve le ministre et demandé une concertation avec les pays producteurs pour trouver les solutions les plus appropriées.

M. Thomas T. Lembong a rappelé que le président Joko Widodo a pris ses fonctions il y a dix-huit mois et que lui-même a été nommé ministre il y seulement six mois. Il faut donc leur accorder encore un peu de temps pour que les actions engagées portent leurs fruits.

La production d’huile de palme a permis de faire sortir de la pauvreté de nombreux paysans, d’abord en Malaisie puis en Indonésie. Elle pourrait avoir le même effet positif, à l’avenir, dans plusieurs pays africains, à condition qu’elle soit respectueuse de l’environnement.

En conclusion, M. Jacques Gautier a appelé de ses vœux, au-delà de la question de l’huile de palme, un développement des échanges économiques, aujourd’hui très limités, entre la France et l’Indonésie.

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