Le 2 septembre 1870, Napoléon III capitule à Sedan et les Prussiens envahissent la France. Pendant l’hiver, Paris, assiégé, connaît les bombardements et la famine mais refuse de s’avouer vaincu.

Paris rejette également la nouvelle Assemblée nationale issue des élections du 8 février 1871, majoritairement composée de monarchistes et de hobereaux campagnards, favorables à la paix, tandis que les élus de Paris sont des républicains.

Le Gouvernement de la République, dirigé par Thiers, se réunit d’abord à Bordeaux, puis à Versailles afin de ne pas prendre le risque d’être retenu en otage par les Parisiens. Thiers veut conclure un traité de paix alors que les élus parisiens refusent l’entrée des Prussiens dans Paris et de se laisser désarmer. Ils veulent également ouvrir une nouvelle ère politique et sociale.

Une guerre sans merci s'engage entre la Commune et le gouvernement de Thiers qui reçoit l'appui du chancelier Bismarck.

La Commune de Paris dure un peu plus de deux mois, du 19 mars au 28 mai 1871.

Elle est finalement vaincue durant la "semaine sanglante" qui débute avec l'entrée des troupes versaillaises dans Paris le 21 mai et s'achève par les derniers combats autour du cimetière du Père Lachaise le 28 mai.

La répression est impitoyable. Le nombre des fusillés sans procès varie entre 20 000 et 30 000 personnes.

Rapport du général AppertLe 20 juillet 1875, M. le général de Cissey, ministre de la guerre, dépose sur le bureau de l'Assemblée le rapport d'ensemble (année 1875, n°3212) de M. le général Appert sur les opérations de la Justice militaire relatives à l'insurrection de 1871. Le ministre de la guerre rappelle que le général Appert a été "délégué par le Gouvernement pour surveiller les opérations des conseils de guerre qui ont été chargés de juger les coupables de la Commune" (Journal officiel du 21 juillet 1875, p.5640).

Dans son rapport, le général Appert propose d'abord un "historique des principaux actes de l'insurrection et l'étude de l'organisation de la Commune". Il expose ensuite "l'ensemble des opérations judiciaires résultant de la répression des crimes et délits de toute nature commis ...". Enfin, il réunit les résultats statistiques obtenus dans de nombreux tableaux extrémement détaillés.

Dans les jours qui ont suivi la chute de la Commune, le nombre de prisonniers est évalué à 38.000 individus environ "dont 5000 militaires, 850 femmes et 650 enfants de 16 ans et au-dessous (dont 38 de 7 à 13 ans)". 36.309 prisonniers furent précisément recensés, en fonction de leur genre, de leur âge et de la nature de leurs fonctions.

Au 1er janvier 1875, le service de la justice militaire a dressé le tableau du sort des 46.835 individus jugés par les Conseils de guerre : 23.727 personnes ont bénéficié d'une ordonnance de non-lieu pour des raisons humanitaires ; ils en ont condamné 13.450 ; ils ont prononcé 2.445 acquittements et 7.213 refus d'informer. Les 13.450 condamnations se répartissent de la façon suivante : 10.137 à la suite de jugements contradictoires et 3.313 par contumace.

Sur les 10.137 jugements contradictoires, il y a eu  95 condamnations à la peine de mort (finalement seules 23 personnes furent fusillées après examens des recours par la commission des grâces constituée au sein de l'Assemblée nationale) ; 251 aux travaux forcés ; 1.169 à la déportation dans une enceinte fortifiée ; 3.417 à la déportation en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie ; 4.692 à la réclusion ou à l'emprisonnement ; 332 bannissements ; 117 à la surveillance de la haute police ; 9 à l'amende et 55 enfants de moins de 16 ans furent envoyés dans une maison de correction.

En regard, les Communards avaient également procédé à des exécutions sommaires et incendié de nombreux édifices (le Palais des Tuileries, le Louvre, le Palais de justice, l’Hôtel de ville…)