M. Gérard Larcher, Président du Sénat« C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité ».

Il y a un peu plus de cinquante ans, le 21 juillet 1969 à trois heures cinquante-six du matin, heure française, Neil Armstrong sortit le premier de l’engin posé dans la mer de la Tranquillité, mit un pied sur le sol lunaire, prononça cette phrase devenue mythique et entra dans la légende de la conquête de l’Espace, accomplissant avec Buzz Aldrin et Michael Collins, un rêve inscrit au plus profond de l’Homme, qui inspirait depuis longtemps écrivains et artistes, de Jules Verne à Hergé, en passant par Georges Méliès, réalisateur au début du XXe siècle du tout premier film de science-fiction. Des centaines de millions de téléspectateurs vécurent en direct cet instant magique, retinrent leur souffle, la mission Apollo 11 et ses héros étaient sur le point d’atteindre l’objectif que leur avait assigné le Président Kennedy quelques années auparavant : envoyer un homme sur la Lune et le ramener sur Terre.

Le Sénat a voulu se souvenir de cette empreinte laissée par l’Homme sur le sol lunaire et de l’exploit scientifique et technologique accompli en son temps, en proposant au public l’exposition réalisée par le Centre National d’Études Spatiales (CNES) qui retrace un demi-siècle d’aventures spatiales sous le titre « Un voyage dans l’Univers ». Ce voyage photographique est à la fois une invitation à explorer l’infiniment grand et à s’émerveiller du spectacle grandiose qu’offre le cosmos.

Autrefois inscrite dans le contexte de la Guerre froide, l’exploration spatiale n’en demeure pas moins, encore aujourd’hui, un élément de puissance et de souveraineté d’un pays. Telle est la conviction qui conduisit le général de Gaulle à faire entrer, au début des années 1960, la France dans la compétition spatiale en annonçant le 19 décembre 1961 la création d’un organisme chargé de coordonner les activités spatiales françaises, le CNES. Il fit de notre pays une puissance spatiale de premier plan. La logique d’une coopération à l’échelle européenne s’imposa rapidement et en 1964, le site de Kourou en Guyane fut retenu pour y installer une base spatiale. L’exposition présentée sur les Grilles du Jardin du Luxembourg consacre ainsi une large place aux projets menés par l’Agence Spatiale Européenne (l’ESA) et au succès de la fusée Ariane.

L’exposition rend également hommage aux dix astronautes français qui ont séjourné dans l’espace, du pionnier Jean-Loup Chrétien en 1982 au benjamin des astronautes européens, Thomas Pesquet, qui séjourna près de deux cents jours dans la Station Spatiale Internationale (ISS), en passant par Claudie Haigneré, première et seule Française à avoir contemplé notre planète bleue d’aussi loin.

Je vous invite à découvrir ces exceptionnelles photographies le long de la rue de Médicis qui racontent cinquante ans de prouesses techniques, de découvertes scientifiques et d’ambitions politiques au cœur de l’Univers.

Gérard LARCHER

Président du Sénat

Pratique

Jean-Yves LE GALL président du cnes« La distance rend toute chose infiniment plus précieuse ».

Cette phrase d’Arthur C. Clarke dans son roman visionnaire, « 2001, l’Odyssée de l’espace » prend tout son sens lorsque l’on se penche sur les étapes de la conquête spatiale, de Spoutnik à nos jours. Tandis que le satellite soviétique atteignait l’orbite terrestre en 1957 et signait le début d’un affrontement acharné entre les deux superpuissances qu’étaient l’Union Soviétique et les États-Unis, ces derniers y mettaient un terme un peu plus de 10 ans plus tard, en envoyant les premiers hommes sur la Lune. La NASA signait alors un exploit scientifique, technologique et politique encore jamais renouvelé. « La course à l’espace » prenait ainsi fin, ouvrant la voie à de nouveaux champs de coopération pour l’exploration du système solaire.

Depuis les missions Apollo, la soif de découverte de l’humanité nous a conduits à des distances inimaginables. C’est ainsi que des « rovers » parcourent aujourd’hui la surface de Mars à la recherche de traces de vie, que les anneaux de Saturne ont été abondamment étudiés ou encore que Pluton, loin d’être un astre mort, se révèle être une petite soeur de Mars par ses phénomènes atmosphériques et ses formations géologiques singulières. Et n’oublions pas les sondes Voyager qui ont quitté notre système solaire et qui se trouvent à 20 milliards de kilomètres de nous, devenant les objets humains les plus éloignés de la Terre.

La France et l’Europe tiennent toute leur place dans ces extraordinaires voyages cosmiques. Le Centre National d’Études Spatiales, le CNES, est ainsi l’un des acteurs majeurs de l’exploration spatiale et a contribué à la réussite des grandes missions de ces dernières années, toutes réalisées dans un cadre international. Qu’il s’agisse de la rencontre de Rosetta-Philae avec la comète « Tchouri », du contact du robot Mascot avec l’astéroïde Ryugu ou encore de l’atterrissage de la mission InSight-SEIS sur Mars, qui vient de détecter pour la première fois des tremblements de terre de la planète rouge, ces missions contribuent à l’évidence à forger le récit de la conquête spatiale.
Ces réussites sont aussi le fruit d’une ambition politique constante, d’un savoir-faire scientifique et technologique reconnu et de l’engagement de femmes et d’hommes passionnés au service d’un idéal commun, qui ont fait du domaine spatial français et européen un synonyme d’excellence. La présente exposition atteste de cette mobilisation de talents et d’énergies, qui au-delà de l’exploration, concerne aussi les thèmes importants de la lutte contre le changement climatique et d’un grand nombre d’applications au service du citoyen.

Car n’en doutons pas, chacune de ces missions spatiales est un exploit renouvelé. C’est aussi paradoxalement une forme de frustration pour l’homme qui reste, en dépit de sa volonté farouche de découverte, l’élément le plus fragile de l’exploration spatiale. Radiations, températures extrêmes, modifications physiologiques, difficultés de ravitaillement, fragilités psychologiques liées à l’isolement : l’espace fait peser sur les humains des contraintes telles que seuls des robots peuvent aujourd’hui s’éloigner durablement de la Terre. C’est ainsi que le dessein de l’homme dans l’espace reste pour le moment limité à l’orbite terrestre et se projette demain sur Mars, en passant par un probable retour sur la Lune. Nul doute que dans un avenir plus ou moins proche, nos rêves d’exploration de l’espace lointain se réaliseront, grâce à la mise en commun des savoir-faire et des ambitions de chacun. A cet égard, il y a tout lieu de se réjouir de l’engouement de la nouvelle génération pour l’espace, qui nous conforte dans cette perspective.

Jean-Yves LE GALL

Président du CNES