René Coty élu local

Très attaché à sa ville du Havre, René Coty s'engage tôt dans la vie politique locale.

Le 4 août 1907, à 25 ans, il est élu conseiller d'arrondissement du Havre. Lors de cette première campagne électorale menée sous l'étiquette Radical et radical socialiste, il se montre virulent à l'égard des conservateurs.


 Le Havre

Il proclame son attachement à l'idéal républicain, la justice sociale, la laïcité, se recommandant de Gambetta, Jules Ferry et Waldeck-Rousseau. L'élection est invalidée par le Conseil d'Etat en raison d'une affiche apposée la veille du scrutin. René Coty est néanmoins élu dès le premier tour lors d'une nouvelle élection organisée le 27 septembre, puis réélu conseiller d'arrondissement le 10 août 1913 sous l'étiquette d'Union des gauches.

Le 3 mai 1908, il devient conseiller municipal du Havre sur la liste d'Union du comité républicain du bloc des gauches, conduite par Henri Genestal, qui adhère au programme du Bloc des gauches au pouvoir depuis 1902. Dans sa profession de foi, il dénonce la gestion de la municipalité sortante et rappelle son attachement aux valeurs républicaines et son opposition au collectivisme révolutionnaire et à la lutte des classes. En raison du retrait du maire sortant après sa défaite au premier tour, la liste de René Coty emporte la totalité des 36 sièges avec 73% des voix. Au sein du conseil municipal, il intervient dans les nombreux domaines qui l'intéressent. Il fait partie de la commission de l'instruction publique et de celle de l'intérêt général, puis à partir de 1913 de celle des finances. Pendant les 11 années passées au service de la municipalité du Havre, il reste soucieux des questions de justice sociale, d'amélioration de la qualité de vie et d'éducation.

A l'occasion des élections municipales de 1912, le maire sortant Henri Genestal conduit la liste des Républicains de l'union des gauches sur laquelle René Coty figure en 9ème position. Le score médiocre obtenu au premier tour (25% des suffrages exprimés) incite les colistiers à s'unir à 3 autres listes. La nouvelle liste ainsi constituée, « Représentation proportionnelle des minorités », conduite par Henri Genestal, l'emporte avec 63 % des voix correspondant à 29 sièges sur 37. Très vite, une opposition se forme à l'intérieur de la majorité en raison des nombreux courants qui la composent. René Coty continue de défendre ses idées de République démocratique à l'occasion des élections législatives de 1910.

Lors de ces élections législatives de 1910, René Coty organise de nombreuses réunions publiques de soutien au candidat-député Jules Siegfried. Il participe à la formation de l'Union des gauches rassemblant tous les républicains à la veille de la guerre.

Lorsque celle-ci éclate et en dépit de son exemption du service national pour cause de maigreur, il s'engage dans le 129ème  régiment d'infanterie où il sert comme soldat de première classe jusqu'à la fin des hostilités, ce qui lui vaudra la croix de guerre.

En 1919, René Coty est candidat aux élections municipales et cantonales sur la liste d'Union républicaine et des intérêts municipaux . Conduite par le docteur Vigné, premier adjoint - le maire du Havre ne se représentant pas - elle se recommande de l'Union sacrée et préconise une limitation de l'intervention des collectivités publiques. Malgré un bon score au premier tour (43,72 % des suffrages), c'est la liste adverse conduite par Léon Meyer, radical socialiste, qui emporte la totalité des sièges grâce à un accord passé avec la SFIO. Après cet échec, René Coty ne briguera plus jamais de mandat municipal.

René Coty n'abandonne pas pour autant la vie politique. Le 14 décembre 1919, il est élu au premier tour conseiller général de la Seine-Inférieure sous l'étiquette Union républicaine démocratique avec 62 % des suffrages. Réélu en juillet 1925, octobre 1931 et octobre 1937, il exerce quatre mandats de conseiller général, et accède dès 1932 à la vice-présidence. Constamment animé par un souci de justice sociale, il présente, après la guerre, de nombreux rapports relatifs aux projets d'aménagement et de réorganisation.

Son engagement local et son profond attachement à la nécessité d'améliorer les conditions de vie des havrais le conduiront naturellement à une carrière politique de dimension nationale.