Né à Paris et fils du maréchal de Ségur, il s'engage à 16 ans et participe aux dernières batailles de la guerre d'Amérique en 1783. De retour en France, il est nommé ambassadeur en Russie en 1784, à Rome en 1791 puis envoyé en mission à Berlin. Grièvement blessé à la suite d'un duel, il se retire dans sa propriété de Châtenay près de Sceaux durant la plus grande partie de la Révolution : il y écrit en 1800 une "Histoire de Frédéric-Guillaume II".

Le 8 ventôse an IX il est choisi par le Sénat conservateur pour représenter l'Isère au Corps législatif : très dévoué à Bonaparte, il est à l'origine de l'ouverture d'un registre d'inscription des votes des députés sur le consulat à vie. Comblé d'honneurs, conseiller d’État le 4 nivôse an XI, grand-officier du palais de l'Empereur le 21 messidor an XII, grand-aigle de la Légion d'honneur le 14 pluviôse an XIII, il devient comte d'Empire le 23 mai 1808 et sénateur le 5 avril 1813.

En 1814 il se rend à Compiègne au devant de Louis XVIII qui le nomme Pair de France le 4 juin. Pair des Cent-Jours un an plus tard, il défend les droits de Napoléon II et se propose de suivre l'Empereur dans son exil à Sainte-Hélène, ce qui lui sera refusé.

Lors de la seconde restauration, Louis XVIII, par ordonnance royale du 24 juillet 1815, le prive de toutes ses charges et fonctions. Ce n'est qu'en 1819 qu'il retrouve la Chambre haute où il vote souvent avec le parti libéral. La Révolution de 1830 rencontre son approbation ainsi que le retour du drapeau tricolore. Il meurt à Paris le 27 août 1830.

Membre de l'Académie française depuis 1803, le comte de Ségur est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages: "Tableau historique et politique de l'Europe" (1801), "Politique de tous les cabinets de l'Europe pendant les règnes de Louis XV et Louis XVI" (1822) mais aussi " Romances et chansons" (1819) et "Mémoires ou souvenirs et anecdotes" (1824).

Mon histoire

extrait de Romances et chansons

Dans les champs de l'Amérique,
Ardent et jeune guerrier,
J'obtins de la République
Un civique et beau laurier.
Fidèle à l'indépendance,
A la sage liberté,
J'ai fait pour leur culte en France
Un vœu trop mal écouté.

De Louis et d'Antoinette
J'ai partagé les revers,
Et lorsqu'on frappa leur tête,
On me jeta dans les fers.
Poussé par mes destinées
Près de dix rois tour à tour,
J'ai porté quarante années

Une âme libre à la cour.
  Le hasard seul y domine ;
Je m'en plaindrais sans raison,
Et des lots qu'il nous destine
Je n'ai pas eu le moins bon ;
Car l'illustre Catherine
Et le grand Napoléon
M'ont fait aussi bonne mine
Que l'immortel Washington.

Lorsque après trente ans de guerre
Nous revîmes les Bourbons,
En reprenant leur bannière,
Ils firent pairs et barons ;
Mais cette noble pairie
Qu'on devait, suivant nos lois,
Donner au moins pour la vie,
Moi, j'y fus nommé trois fois.

J'ai fait des couplets qu'on chante,
J'ai fait des livres qu'on lit,
J'ai fait un traité qu'on vante,
Et des contes dont on rit ;
De l'aimable objet que j'aime,
J'ai fait choix selon mon goût ;
J'ai fait mes oeuvres moi-même,
Pour me distinguer en tout."