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Direction de la séance

Projet de loi organique

Congrès et assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie

(1ère lecture)

(PROCÉDURE ACCÉLÉRÉE)

(n° 336 , 335 )

N° 1

26 février 2024


 

AMENDEMENT

présenté par

C Défavorable
G Défavorable
Rejeté

M. TEMAL, Mme NARASSIGUIN, M. KANNER, Mmes ARTIGALAS et de LA GONTRIE, MM. DURAIN, BOURGI et CHAILLOU, Mme HARRIBEY, M. KERROUCHE, Mme LINKENHELD, M. ROIRON

et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain


ARTICLE ADDITIONNEL AVANT ARTICLE 1ER


Avant l'article 1er

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

La recherche du consensus, initiée depuis les accords de Matignon signés le 26 juin 1988 par Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, sous l’égide de Michel Rocard, Premier ministre et l’Accord de Nouméa signé le 5 mai 1998 par Lionel Jospin Premier ministre, avec Jacques Lafleur, et Roch Wamytan, constitue une donnée fondamentale de l’élaboration de l’organisation politique qui doit prendre la suite de celle issue de l’Accord de Nouméa.

Ainsi, à l'occasion du report du renouvellement général des membres du congrès et des assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie, l'État prend toute sa part à la création des conditions indispensables à l'émergence, par le dialogue et la reconnaissance mutuelle, d'une solution politique équilibrée, consensuelle et durable quant à l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.



Objet

Le présent amendement tend à créer, dès le début du projet de loi organique un article préliminaire ayant pour but de réaffirmer l'impartialité et le rôle moteur de l'État sur le dossier calédonien. Il s’agit d’une condition essentielle à la poursuite et à la consolidation du dialogue entre l'ensemble des parties prenantes. 

En donnant le sentiment d’être sorti de sa neutralité à la suite du maintien de la date de la troisième consultation sur l’autodétermination, l’État a provoqué une période de blocage qui a nui au bon déroulement des négociations devant engager la Nouvelle-Calédonie dans l’après-accord de Nouméa. 

Il semble persister dans cette voie inappropriée au regard du projet de loi constitutionnelle portant modification du corps électoral spécial déposé dans le prolongement du présent projet de loi organique. Ce dernier fixe l’échéance du 1er juillet 2024 comme date butoir aux négociations en cours. Combiné à la date du report des élections provinciales fixée au 15 décembre 2024 par le projet de loi organique, cet agenda est inévitablement ressenti comme un moyen de pression sur les représentants politiques locaux qui risque de compromettre la poursuite des discussions. 

Le principe selon lequel l'État doit exercer un rôle à la fois d'arbitre et de troisième partenaire est déterminant. L’histoire récente de la Nouvelle-Calédonie en offre une illustration éclairante. Par le passé, l'État a su rester impartial tout en se montrant présent. C’est ce qui lui a permis d'entretenir un dialogue bilatéral avec chacune des parties et d'offrir à celles-ci un cadre de négociation trilatéral de confiance pour aboutir à un cadre consensuel. 

L'État doit donc prendre toute sa part à la création des conditions indispensables à l'émergence, par le dialogue et la reconnaissance mutuelle, d'une solution politique équilibrée, consensuelle et durable quant à l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.






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Projet de loi organique

Congrès et assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie

(1ère lecture)

(PROCÉDURE ACCÉLÉRÉE)

(n° 336 , 335 )

N° 2

26 février 2024


 

AMENDEMENT

présenté par

C Défavorable
G Défavorable
Rejeté

Mme NARASSIGUIN, M. KANNER, Mme ARTIGALAS, M. TEMAL, Mme de LA GONTRIE, MM. DURAIN, BOURGI et CHAILLOU, Mme HARRIBEY, M. KERROUCHE, Mme LINKENHELD, M. ROIRON

et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain


ARTICLE 1ER


Alinéa 1, première phrase

Remplacer la date :

15 décembre 2024

par la date :

30 novembre 2025

Objet

La date des prochaines élections provinciales de la Nouvelle-Calédonie au plus tard le 15 décembre 2024 envisagée par le présent projet de loi organique conjointement au dépôt du projet de loi constitutionnelle relatif à l’évolution du corps électoral spécial pour l'élection des représentants aux assemblées de province et au congrès de la Nouvelle-Calédonie est manifestement inappropriée. 

En faisant le choix de lier le report des prochaines élections provinciales au débat entourant la réforme du corps électoral de ces mêmes élections, l’approche gouvernementale suscite des réserves méthodologiques et soulève de sérieuses inquiétudes. 

Les garanties données par le ministre de l’intérieur sur les capacités de mobilisation des services de l’État pour assurer la tenue régulière du scrutin à la date retenue par le projet de loi organique sont gagées sur l’adoption éventuelle d’un texte constitutionnel virtuel qui n’a pas vocation à s’appliquer.

La mise en œuvre de l’ensemble des mesures préparatoires à l’organisation des élections provinciales sur le fondement d’une liste révisée par application de ladite révision constitutionnelle avant le 15 décembre est plus qu’aléatoire.

Dans ces conditions, le Parlement est invité à voter à l'aveugle, comme on joue à la loterie. 

En outre, sont mis en concurrence des dispositions unilatérales figurant dans le projet de loi constitutionnelle et une négociation en cours pour un accord global entre les partenaires locaux dont le Gouvernement dit lui-même qu'il la privilégie. 

Conformément à nos principes constitutionnels, le motif d’intérêt général nécessaire pour justifier le report des élections provinciales et du congrès de la Nouvelle-Calédonie ne peut être tiré uniquement de la réforme du corps électoral en vue des prochaines élections provinciales. Ce serait méconnaître le refus de l'ensemble des acteurs politiques locaux de traiter isolément les différents sujets institutionnels. 

Au contraire, il ressort de l’imbrication du projet de loi organique et de la finalité du projet de loi constitutionnelle qu’un tel motif d’intérêt général est nécessairement constitué par la conclusion d’un accord tripartite global consensuel quant à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. A cet égard, la reprise des négociations entre les parties calédoniennes doit être saluée, car le dialogue demeure le seul chemin viable pour jeter les bases d'un accord solide et pérenne. 

Dès lors qu’elles progressent sérieusement, l’objectif d’intérêt général du report des élections provinciales conduit à privilégier le temps raisonnable de la médiation, du dialogue et de la négociation. Parallèlement, l’action de l’État doit être résolument volontariste et continuellement impartiale pour ne pas être soupçonné d’exercer une pression en adoptant un texte imposant une solution unilatérale partielle qui ne porterait que sur le corps électoral. 

Considérant qu’il est envisageable de reporter ces élections pour une durée raisonnable conformément à l’avis du Conseil d’État du 7 décembre 2023 qui indique qu’un report pour une durée de dix-huit mois peut être acceptable sur le plan constitutionnel ou conventionnel et que ce report constitue la condition sine qua non de la réussite des négociations, le présent amendement propose de reporter au 30 novembre 2025 le renouvellement  général des membres  du congrès et des assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie.

Selon les auteurs de l'amendement, la date limite fixée au 30 novembre 2025 ainsi que le préconise le Conseil d’État et que prévoit également l'article 2 du projet de loi constitutionnelle, est susceptible de permettre aux partenaires du futur accord d’allier gestion des émotions, symboles et constructions rationnelles pour trouver une solution permettant une sortie apaisée de l’accord de Nouméa.